LONDRES/DUBAI (Reuters) - La production de pétrole de l’Opep a touché en mai un creux de 13 mois en raison d’une baisse des extractions au Venezuela, de perturbations au Nigeria et d’une réduction de l’offre par les autres pays nettement supérieure aux objectifs qui leur sont assignés, montre une enquête Reuters publiée jeudi.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a extrait 32,0 millions de barils par jour (bpj) ce mois-ci, une baisse de 70.000 par rapport à avril (chiffre révisé), selon les estimations de Reuters. Le total du mois de mai est le plus faible depuis avril 2017.
L’Opep et des pays extérieurs au cartel, dont la Russie, ont signé un accord afin de réduire leur production cumulée de 1,8 million de barils par jour. Cet accord, entré en vigueur en janvier 2017, a été prolongé en novembre dernier jusqu’à fin 2018.
Avec un baril de Brent désormais proche de 80 dollars, une première depuis 2014, l’Opep et la Russie discutent à présent de l’opportunité d’accroître la production, même si les analystes sont pour le moment circonspects.
“Le parti pris de l’Opep de se ranger du côté d’un resserrement reste intact”, a déclaré Konstantinos Venetis, économiste chez TS Lombard.
Le taux de respect de cet accord de réduction dit Opep+ a légèrement fléchi en mai à 163% contre 166% en avril, selon l’enquête Reuters, ce qui signifie que les pays signataires sont toujours au-delà de leurs engagements.
La plus forte baisse en mai est à mettre à l’actif du Nigeria, dont la production a subi des perturbations, amenant notamment Royal Dutch Shell a déclaré un cas de force majeure sur les exportations de brut de Bonny Light.
La deuxième plus forte baisse concerne le Venezuela où le secteur connaît toujours une situation financière difficile en raison de la crise économique que traverse ce pays, la production ayant reculé à 1,56 million de bpj en mai.
La production en Libye, un pays en proie à des troubles intérieurs, a légèrement reculé à la suite d’un incident chez AGOCO.
La production iranienne, qui devrait subir le contre-coup de la décision des Etats-Unis de rétablir des sanctions contre Téhéran, a aussi légèrement fléchi en mai.
Les deux plus gros producteurs de l’Opep, l’Arabie saoudite et l’Irak, ont tous les deux pompé un peu plus que prévu en mai, sans pour autant compenser les baisses enregistrées ailleurs.
La production aux Emirats arabes unis, qui occupe la présidence de l’Opep cette année, a été stable en mai, le pays continuant à afficher un plus grand respect de l’accord Opep+ qu’en 2017, selon les sources. Le Koweït a également continué à respecter pleinement ses objectifs.
Le Nigeria et la Libye, deux pays exemptés à l’origine de l’accord de plafonnement de la production, ont fait savoir à l’Opep que leur production en 2018 ne dépasserait pas celle de 2017.
L’Opep a un objectif de production implicite pour cette année de 32,73 millions de bpj, sur la base des quotas acceptés par ses membres fin 2016 et des projections du Nigeria et de la Libye.
L’enquête Reuters montre que la production du cartel en mai a été inférieure de 730.000 bpj à ce seuil.