Dans un discours prononcé lors d'une conférence au Parlement européen lundi, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a félicité les gouvernements de l'Union européenne (UE) d'avoir mis en place un soutien budgétaire d'un montant global de plus de 3.000 milliards d'euros destiné aux entreprises et aux ménages, en incluant des programmes de maintien de l'emploi qui ont aidé plus de 54 millions de travailleurs.
"Mais le chemin de la reprise est inégal (...) en raison des différences de situation de départ, de structure économique et de capacité de réaction, ce qui entraîne une augmentation des inégalités entre les pays et à l'intérieur de ceux-ci", a-t-elle averti.
Kristalina Georgieva a souligné qu'au sein de l'UE, les pays tournés vers le tourisme, comme l'Espagne, la Grèce et l'Italie, ont connu une contraction de plus de 9% de leur produit intérieur brut en 2020 contre une contraction moyenne de 6,4% dans l'ensemble du bloc.
Selon les prévisions du FMI, d'ici fin 2022, le revenu par habitant en Europe centrale et orientale sera inférieur de 3,8% aux projections d'avant la crise sanitaire, contre un déficit de seulement 1,3% pour les économies avancées de l'UE.
Les économistes ont averti qu'une telle divergence rendrait la gestion économique de l'UE, y compris la politique monétaire de la Banque centrale européenne, plus difficile et augmenterait le risque de crises à l'avenir.
"Le retrait progressif [du soutien budgétaire] doit suivre, et non précéder, une sortie durable de la crise sanitaire. (...) Un resserrement prématuré de la politique alors que les économies les plus touchées sont encore très fragiles pourrait exacerber les divergences entre les pays", a déclaré Kristalina Georgieva.
Si les ministres de l'Economie et des finances de l'UE souhaitent maintenir les mesures de relance budgétaire, ils discuteront au cours du deuxième trimestre de la date à laquelle il conviendra de passer du soutien général actuel à une approche plus ciblée à mesure que l'économie se redressera.
L'Union européenne a accepté en juillet dernier d'emprunter conjointement sur les marchés 750 milliards d'euros pour son fonds de relance, repartis sous forme de subventions et de prêts, pour des réformes et des investissements en faveur d'une transition écologique et numérique.
Kristalina Georgieva a déclaré que la coordination de ces investissements verts et numériques était l'action la plus importante à long terme.
"Notre analyse montre que cela pourrait augmenter le produit intérieur brut mondial d'environ 0,7% par an sur une période de 15 ans, créant ainsi des millions de nouveaux emplois", a-t-elle ajouté.