La monnaie britannique est tombée mardi à son plus bas niveau depuis deux ans, dans un contexte marqué par l'incertitude persistante autour du Brexit et des préoccupations croissantes pour l'avenir de l'économie britannique.
La livre sterling a chuté de 0,4% devant le billet vert lors de la séance de mardi, pour s'établir à 1,246 dollar. La devise britannique a ainsi atteint son niveau le plus bas depuis avril 2017, à l'exclusion d'une "chute éclair" qui s'est produite en janvier dernier.
La livre a également chuté mardi face à l'euro à 1.1123 €.
Selon Vasileios Gkionakis, responsable de la stratégie de change au groupe bancaire "Lombard Odier", la monnaie britannique a été fortement affectée par la course au leadership entre les deux candidats à la primature Boris Johnson et Jeremy Hunt qui rivalisent à devenir "les plus gros Brexiters".
Boris Johnson, favori à la succession de Theresa May à la tête du parti conservateur et par delà à Downing Street, insiste que la Grande-Bretagne devrait se séparer de l'Union européenne (UE) le 31 octobre "avec ou sans accord".
Son approche intransigeante a suscité de vives inquiétudes quant à la perspective d'un Brexit potentiellement dommageable, mais a aussi contraint son rival, Jeremy Hunt, à adopter une approche similaire.
Par ailleurs, les analystes en économie avertissent que le divorce avec Bruxelles en suspens risque de déclencher une récession au Royaume-Uni et entraîner une éventuelle contraction de l'économie britannique au deuxième trimestre. La première estimation du produit intérieur brut dans le pays devrait être publiée mercredi.
"À moins d’une surprise, les prochaines données devraient confirmer une contraction de l’économie britannique", a mis en garde Dean Turner, économiste britannique chez le cabinet de conseil "UBS Global Wealth Management".
De son côté, Lee Hardman, analyste des devises chez MUFG, a noté que les fondamentaux économiques du Royaume-Uni se sont "fortement affaiblis ces derniers mois", alors que la Banque centrale d'Angleterre (BoE) a indiqué qu'elle pourrait "adopter un ton plus accommodant lors de sa prochaine réunion politique en août".
Selon des données de Bloomberg, les marchés britanniques prévoient une éventuelle réduction de la BoE de son principal taux débiteur d'ici la fin de l'année, alors que d'autres grandes banques centrales devraient assouplir leur politique monétaire, ce qui a éliminé un autre support potentiel à la devise britannique.