Jeudi 10 Mars 2022

La guerre en Ukraine bouscule les plans de la BCE

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 L'invasion de l'Ukraine par la Russie devrait inciter la Banque centrale européenne à se montrer plus souple jeudi sur sa stratégie monétaire qui doit prendre en compte choc d'inflation et menace sur la croissance.
 


Les effets de la guerre déclenchée par Vladimir Poutine seront au coeur des discussions du Conseil des gouverneurs.

Cette crise majeure bouscule la communication adoptée en février par l'institution de Francfort.

Elle avait alors ouvert la voie à une "normalisation" de sa politique après deux ans de soutiens massifs à l'économie face à la pandémie de Covid-19. Les analystes misaient sur un possible relèvement, en fin d'année, des taux directeurs, toujours historiquement bas.

Mais la guerre aux portes de l'Europe et les sanctions prises par les Occidentaux contre la Russie vont rejaillir sur les économies de la zone euro.

Le risque de "stagflation", combinaison redoutée d'inflation et de stagnation économique, a "clairement augmenté", observe Carsten Brzeski, économiste à ING.

La hausse des prix avait déjà connu en février une accélération inquiétante au niveau record de 5,8% en zone euro. Avec la nouvelle flambée des coûts des matières premières liée au conflit en Ukraine, la crise énergétique est "comparable" au choc pétrolier de 1973, selon le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire.





Carburants attendus à 2,20 euros le litre, hausse des prix de l'alimentaire: l'inflation élevée est là et va peser sur l'activité, accentuée par les perturbations prolongées des chaînes d'approvisionnement et le recul de la confiance.

Pour autant, "personne n'est vraiment en mesure actuellement de quantifier les implications économiques pour la zone euro", estime Carsten Brzeski, responsable de la macroéconomie à la banque ING.

Pour naviguer dans ce brouillard, la BCE publiera jeudi de nouvelles projections macroéconomiques intégrant un calcul des effets présumés du conflit ukrainien.

A ce stade, la présidente Christine Lagarde s'est juste dit "prête à toute mesure nécessaire" pour assurer la stabilité des prix, sans donner plus d'indications sur ses intentions.

La BCE ne devrait pas "remettre en cause sa volonté de normaliser une politique monétaire encore ultra-accommodante", croit Franck Dixmier, responsable des produits de taux à AllianzGI.

Mais elle devrait "agir avec souplesse" dans un contexte pétri d'incertitudes, ajoute-t-il.

La fin du "PEPP", le programme de 1.850 milliards d'euros d'achats de dette lancé pour contrer la récession provoquée par la pandémie, devrait être actée alors que la situation sanitaire paraît maîtrisée.

L'autre programme de rachat de titres publics et privés, le "QE", devrait lui rester activé, à un rythme ralenti, et ce "aussi longtemps que nécessaire", comme énoncé ces derniers mois.

Mais Christine Lagarde ne devrait pas réaffirmer, contrairement à ce qu'elle a fait jusqu'ici, qu'un arrêt de ces achats sera automatiquement suivi d'une hausse des taux directeurs, pour la première fois depuis 2011.

La présidente devra trouver les mots pour expliquer que la BCE veut rester flexible, tout en réaffirmant sa volonté de lutter contre l'inflation, alors que les banques centrales américaine et britanniques se montrent beaucoup plus déterminées.

Face à une prévisions d'inflation dépassant durablement la cible de 2% fixée par la BCE, les débats ne vont que s'amplifier entre banquiers centraux de la zone euro.

Certains ont prêché dernièrement la "prudence", à l'instar de l'Italien Fabio Panetta, membre du directoire de la BCE, alors que du côté de l'orthodoxe Bundesbank, son président Joachim Nagel a plaidé pour "garder un oeil" sur le calendrier de resserrement du crédit.

Comme elle l'a montré dans sa jeune histoire, la BCE "ne devrait pas déroger à sa règle de soutien à l'économie et aux marchés en situation de crise", prédit M.Dixmier.

Elle pourrait même commencer à réfléchir à un "PEPP de guerre", a suggéré ce week-end Erik Nielsen, économiste à Unicredit, soit un nouveau programme d'urgence pour juguler le risque de dérapage des taux d'emprunt des États endettés en zone euro.

Avec AFP.

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