La Fed devrait afficher mercredi sa "patience" sur les taux d'intérêt à l'issue d'une réunion de son Comité monétaire, après la fin de l'épreuve du "shutdown" et alors que Washington et Pékin sont en pleines négociations commerciales à haut risque.
Les acteurs financiers sont unanimes pour affirmer que la Banque centrale américaine va faire une pause sur les taux après les avoirs relevés quatre fois l'année dernière.
Les taux au jour le jour se situent actuellement entre 2,25% et 2,50% tandis que l'inflation reste très modérée (1,8% en novembre, selon l'indice PCE), surtout à cause des bas prix de l'essence.
La volatilité des marchés financiers depuis octobre, les incertitudes liées au bras de fer commercial avec la Chine et la perspective d'un ralentissement de la croissance mondiale ont rendu la Fed prudente.
Alors que dans son communiqué officiel lors de la dernière hausse des taux en décembre la Fed ne mentionnait pas de pause mais envisageait "d'autres relèvements graduels", plusieurs responsables dont Jerome Powell, le président, ont affirmé depuis qu'il était urgent d'attendre.
M. Powell a déclaré début janvier que face à l'inflation modeste et aux "inquiétudes" des marchés vis-à-vis d'un affaiblissement économique, la Fed serait "patiente en voyant comment l'économie évolue".
Cette position a rassuré les marchés d'autant plus que l'administration américaine se remet lentement cette semaine de 35 jours de paralysie partielle des administrations fédérales, qui ont miné le moral des consommateurs et obscurci la visibilité économique.
- Le vrai problème: le commerce -
La plupart des indicateurs économiques ne sont pas parus depuis un mois et la Fed n'aura pas eu à sa disposition mercredi la première estimation de la croissance au 4e trimestre, ni l'évolution des prix dont les publications ont été retardées.
L'impact de la fermeture partielle de l'administration devrait être éphémère. Il en aura coûté 11 milliards de dollars à l'économie des Etats-Unis, dont quelque 3 milliards ne pourront pas être récupérés, selon les services du budget du Congrès (CBO).
Dans le communiqué officiel de la Fed qui doit être publié à 19H00 GMT mercredi, les exégètes vont chercher le mot "patience" mais il y a plus de chance que M. Powell le réserve pour sa conférence de presse. A partir de ce mois-ci, le point de presse du patron de la plus puissante banque centrale du monde sera un rendez-vous régulier après chaque réunion du Comité monétaire (FOMC) toutes les six semaines.
Ces dernières semaines, il a été reproché à Jerome Powell --qui croulait sous les critiques de Donald Trump, mécontent de voir les taux grimper-- d'avoir tergiversé dans sa communication.
En poste depuis un an, M. Powell a manqué de clarté sur son appréciation du niveau des taux, de même que sur le sort des actifs au bilan de la Fed.
Il sera sans doute interrogé sur cette réduction du bilan qui a un léger impact à la hausse sur les taux et inquiète les marchés.
Pour Joel Naroff, économiste indépendant, ce sont moins les perspectives de relèvement des taux qui agitent les marchés que les incertitudes commerciales.
"Le gros problème, c'est la guerre commerciale. Tant que cette question n'est pas réglée, la Fed va devoir agir très doucement car un conflit commercial ouvert pourrait plonger l'économie mondiale dans une récession", assure cet économiste.
Une délégation chinoise de haut niveau tient des pourparlers mercredi et jeudi avec le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer (USTR) et le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin entre autres.
Pour l'instant, la Fed projette une croissance du PIB des Etats-Unis de 2,3% en 2019 au lieu de 3% en 2018. Le FMI est un peu plus optimiste à 2,5%.
Les membres du Comité monétaire envisageaient mi-décembre encore deux modestes hausses de taux au cours de l'année 2019 mais ces prévisions ne seront pas révisées avant le mois de mars.
Avec AFP.