WASHINGTON (Reuters) - La Réserve fédérale a relevé les taux d’intérêt aux Etats-Unis mercredi et prévoit encore deux autres hausses au moins cette année, ne doutant pas que la réforme fiscale et les dépenses publiques ne stimulent la croissance et l’inflation, ce qui pourrait se traduire par un durcissement monétaire encore plus marqué à l’avenir.
A l’issue de sa première réunion de politique monétaire conduite par son nouveau président Jerome Powell, la banque centrale a signalé que l’inflation devrait finalement accélérer, alors qu’elle ne cesse depuis des années d’évoluer en deçà de son objectif de 2%, et que l’économie avait gagné en dynamisme récemment.
La Fed a aussi légèrement rehaussé son estimation du taux d’intérêt “neutre” à long terme, c’est-à-dire qui ne stimule ni ne freine l’activité économique, ce qui pourrait signifier que le cycle actuel de relèvement progressif des taux pourrait durer plus longtemps que prévu.
Observant, au terme d’une réunion de deux jours, que “les perspectives économiques se sont renforcées ces derniers mois”, l’institut d’émission a relevé d’un quart de point sa fourchette d’objectif de taux des “fed funds” pour la porter à 1,50%-1,75%, une décision qu’avaient prédit les 104 économistes interrogés par Reuters du 5 au 13 mars.
La Fed avait relevé les taux d’intérêt par trois fois l’an passé, rompant avec des années de largesse monétaire à la suite de la crise financière de 2007-2009 et de la récession qui suivit.
Jerome Powell, qui a succédé à Janet Yellen à la présidence de la Fed en février, a dit que la banque centrale s’en tenait à une politique de rehaussement progressif des taux d’intérêt, tout en restant vigilante vis-à-vis de l’inflation.
“Nous tentons le juste milieu en la matière”, a-t-il dit, en conférence de presse, ajoutant que les données économiques actuelles ne donnaient pas le sentiment d’une accélération de l’inflation.
Wall Street a augmenté ses gains en réaction aux annonces de la Fed pour finalement clore la séance en très légère baisse, tandis que les rendements obligataires ont monté pour fléchir ensuite et que le dollar a subi sa plus forte perte depuis près de deux mois face à un panier de devises de référence.
“Les indications données pour ce qui concerne les hausses de taux à venir ont été un peu plus rigoristes qu’on ne s’y attendait au départ; il semble que les taux remonteront à une cadence plus marquée en 2019”, a dit Matt Miskin, stratège marchés de John Hancock Investments.
“Voici un nouveau président de la Fed qui reprend le flambeau sur un ton un peu plus volontariste”.
Les responsables de l’institut d’émission étaient largement divisés mercredi sur le fait de savoir s’il faudrait trois ou quatre hausses des taux cette année. Ils ont prédit trois hausses en 2019 - et non plus deux - et deux autres en 2020, ce qui témoigne là encore de leur confiance envers l’économie.
“Compte tenu du faible niveau de l’inflation, la prévision de hausses supplémentaires en 2019 et au-delà était beaucoup moins accommodante que prévue”, observe Michael Metcalfe, directeur mondial de la stratégie macro chez State Street Global Markets.
Les banquiers centraux ont également projeté une croissance de 2,7% aux Etats-Unis en 2018, contre 2,5% anticipés en décembre, et ont également relevé leur prévision pour 2019.
La mesure de l’inflation privilégiée par la Fed est attendue à 1,9% en fin d’année, comme prévu en décembre, mais dépasserait un peu l’objectif de la Fed - qui est de 2% - l’an prochain.
Le taux de chômage baisserait encore pour toucher 3,8% d’ici la fin de l’année; il était de 4,1% en février.
“La Fed semble gagner en confiance”, a conclu Brian Coulton, économiste de Fitch Ragin à Londres.