La hausse des prix devrait continuer à ralentir aux Etats-Unis au deuxième trimestre, incitant la Réserve fédérale (Fed) à modérer son resserrement monétaire, d'autant que les signes de ralentissement économique s'accumulent, dit-on chez IG.
"L'inflation poursuit son ralentissement lié à un effet de base sur l'énergie après la hausse d'il y a un an avec la guerre en Ukraine. Probablement que dans les mois à venir, il y aura également une contribution négative sur les prix de la part des biens, catégorie qui avait rapidement augmenté en période pandémique", a déclaré Alexandre Baradez, responsable des analyses marchés pour IG France.
Le problème que rencontre la Fed se joue toujours sur les services avec la hausse des salaires, sur le logement et les transports, a-t-il dit lundi lors d'un point de presse.
L'inflation sous-jacente, qui exclut l'alimentation et l'énergie, a accéléré à 5,6% le mois dernier tandis que l'indice global des prix à la consommation a progressé de 5%, contre +6% en février.
"Le chemin vers l'objectif d'inflation de 2% de la Fed reste long, d'au moins quatre trimestres", estime Alexandre Baradez.
Mais des signaux avancées montrent des apaisements des tensions sur les prix et l'analyste s'attend à une amélioration de l'inflation "core" au deuxième trimestre.
Pour Alexandre Baradez, le niveau actuel de l'indice CPI ne nécessite pas que la Fed, dont le taux des fonds fédéraux se situe entre 4,75%-5,00%, porte cette fourchette à un niveau bien plus haut alors que le risque d'une reprise de l'inflation est quasi nul.
"Le rebond du pétrole n'est pas inquiétant, le prix du gaz a atteint des plus bas aux Etats-Unis, la réouverture de la Chine n'est pas inflationniste... Je ne vois pas pourquoi la Fed aurait besoin de ramener ses taux à 5,5%, 6%", a-t-il souligné.
"La question est 'est-ce qu'on va vers une hausse de 25 points de base de plus ou bien a-t-on atteint le taux terminal ?'. Je pense qu'il y a une forte probabilité qu'on y soit déjà. Le job a été fait sur le taux, ça n'ira pas beaucoup plus haut."
LA FED "BIEN PARTI" POUR UN "SOFT LANDING"
Le niveau de résilience du consommateur sera un thème central au cours de ce trimestre.
La capacité des entreprises à transmettre la hausse des prix aux consommateurs s'érode, aux USA comme en Europe, alors que les stocks d'épargne des ménages ont été attaqués, qu'il n'y a plus de soutien budgétaire et que la croissance des salairesdiminue.
Des signes légèrement défavorables sur la croissance américaine s'accumulent avec le ralentissement de l'activité dans les services, la contraction persistante de l'indice ISM manufacturier ou encore le repli des ventes au détail en février et en mars.
"Il y a une forte probabilité d'une contraction de l'économie américaine au deuxième trimestre (...) on commence à avoir des risques pour la consommation américaine donc pour la croissance", a déclaré Alexandre Baradez.
Le tout pour la banque centrale des Etats-Unis est d'avoir une baisse de PIB la moins importante possible pour assurer un atterrissage en douceur de l'économie, le fameux "soft landing". Alexandre Baradez estime que la Fed peut y arriver, même en cas de légère récession technique, compte tenu de la croissance enregistrée durant la période post-COVID.
"Je pense que Jerome Powell (le président de la Fed) est parti pour assurer quelque chose d'assez incroyable, d'avoir réussi à dompter une inflation assez délirante, en abîmant assez peu l'économie américaine et ayant un chômage bas", a ajouté Alexandre Baradez.
(Reuters)