Les dépenses des consommateurs américains ont été en janvier supérieures de 5,3% à celles de décembre, de 7,4% à celles de janvier 2020, selon les données publiées mercredi par le département du Commerce.
Cette hausse est la première après trois mois de baisse.
"La seule explication logique (...) est que la deuxième série de mesures de relance a touché sa cible et a été dépensée presque immédiatement", souligne l'économiste Joel Naroff dans une note.
Les comptes en banque des ménages américains ont en effet été un peu renfloués par le plan de relance de 900 milliards de dollars adopté fin décembre au Congrès et ratifié par Donald Trump, après des mois de négociations.
Les chèques de 600 dollars par personne et les allocations chômage prolongées leur ont permis d'acheter des appareils électroniques, meubles et objets pour la maison, livres, instruments de musiques, articles de sports et de loisirs.
Même les bars et restaurants, qui souffrent particulièrement de la crise, ont vu leurs ventes grimper, pour la première fois depuis septembre.
Pour le président Joe Biden, il faut désormais faire plus, et aider la première économie du monde à s'extirper de cette crise inédite.
Il plaide avec force pour injecter de nouveau de l'argent public, et défend depuis un mois son plan de sauvetage de 1.900 milliards de dollars.
L'enveloppe prévoit l'accélération des vaccinations contre le Covid-19, la réouverture des écoles, des aides aux entreprises et aux ménages en difficulté, mais aussi aux villes et Etats du pays pour qu'ils n'aient pas à licencier leurs pompiers, policiers et enseignants.
L'administration Biden estime qu'il vaut mieux faire trop plutôt que pas assez, soutenue par certains économistes qui jugent cette aide indispensable face notamment à un chômage qui concerne toujours plus de 20 millions de personnes.
Mais d'autres redoutent un emballement, et une forte hausse des prix, à l'instar de Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor de Bill Clinton et principal conseiller économique de Barack Obama, qui craint "des pressions inflationnistes inédites depuis une génération".
La question est surtout de savoir si cette hausse des prix sera durable ou seulement temporaire - liée notamment à un effet de comparaison par rapport aux prix faibles du printemps 2020 et à l'emballement après une année de restrictions.
Les membres du comité monétaire de la Banque centrale américaine (Fed), qui regardent de près l'évolution des prix pour établir leur politique monétaire, penchent pour une inflation provisoire, selon les minutes de leur réunion de janvier, publiées mercredi.
"De nombreux participants (à la réunion) ont souligné qu'il importait de distinguer les variations ponctuelles des prix et les variations de la tendance sous-jacente de l'inflation", détaille ce compte-rendu.
Ainsi, selon eux, "les variations des prix relatifs pourraient temporairement augmenter l'inflation mesurée mais n'auraient probablement pas d'effet durable".
La Fed a martelé qu'elle maintiendrait ses taux très bas pour soutenir l'économie jusqu'au retour du plein emploi et continuerait à inonder les marchés de liquidités via des rachats d'actifs mensuels à hauteur de 120 milliards de dollars. Elle est même prête pour cela à accepter une inflation temporairement supérieure à son objectif de 2%.
Les prix ont augmenté de 1,3% seulement en 2020 aux Etats-Unis.
L'indice des prix à la production, c'est-à-dire les prix payés par les fabricants, a grimpé de 1,3% en janvier, signant sa plus forte hausse depuis le début du suivi de cet indicateur en décembre 2009. Les prix des services ont tiré cette hausse.
"Il est peu probable que les pressions sur les prix se maintiennent, compte tenu de la capacité excédentaire de l'économie", tranche Rubeela Farooqi, économiste chez HFE.
"Ce rebond reflète une reprise de la demande et des pressions liées à un goulot d'étranglement qui devraient se stabiliser dans les mois à venir", estime également Mahir Rasheed, d'Oxford Economics.
Le marché obligataire a de son côté lancé un signal d'alarme depuis mardi, avec des taux d'intérêt sur les bons du Trésor à 10 ans au plus haut en presque un an.
Avec AFP.