FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) a ralenti en mai ses rachats d’obligations souveraines italiennes alors même que les investisseurs réduisaient leur exposition aux actifs italiens face à la perspective de l’arrivée au pouvoir à Rome d’un gouvernement jugé eurosceptique, montrent les données publiées lundi par la BCE.
La BCE a racheté en mai pour 3,6 milliards d’euros d’emprunts du Trésor italien et 4,2 milliards d’euros de titres français dans le cadre de son programme d’assouplissement quantitatif (QE).
Dans les deux cas, selon les calculs de Reuters, les montants sont inférieurs d’environ 8% à ce que prévoient les règles de répartition de l’institut de Francfort.
La BCE a expliqué cet écart par la nécessité de racheter davantage de titres émis par l’Allemagne, dont un montant élevé d’obligations était arrivé à échéance en avril.
Elle s’efforce ainsi de démentir les accusations en provenance d’Italie selon lesquelles elle aurait volontairement acheté moins de dette italienne dans le but de peser sur la composition du nouveau gouvernement à Rome, où le président de la République a refusé de valider la nomination d’un adversaire déclaré de l’euro au poste de ministre de l’Economie.
“C’est le résultat de règles convenues et annoncées sur le calendrier des réinvestissements durant la phase d’achats nets”, a dit un porte-parole de la BCE.
“Les remboursements de dette allemande ont été élevés en avril 2018 et (...) ont dû être prolongés aussi en mai 2018 pour garantir une mise en oeuvre en douceur”, a-t-il ajouté.
La BCE a acheté pour 6,9 milliards d’euros d’obligations allemandes en mai pour compenser le faible montant du mois précédent, le plus bas depuis le lancement de ce programme, comme elle l’avait annoncé.
La crise politique à Rome a provoqué une tempête financière en Italie, dont les emprunts d’Etat ont vu leurs rendements s’envoler la semaine dernière.
La BCE n’est pas intervenue sur les marchés durant cette période car elle n’a perçu aucun signe de tension sur la situation financière des banques italiennes, ont dit des sources proches du dossier à Reuters, la semaine dernière.
Les montants des portefeuilles d’obligations souveraines italiennes et françaises détenus par la BCE sont supérieurs de près de 5% à ce que prévoient les règles du QE sur la base de la taille des économies de ces deux pays.