(Reuters) - La perspective d’un ralentissement de la croissance mondiale et celle d’une pause dans la remontée des taux d’intérêt aux Etats-Unis devraient permettre aux cours de l’or de monter en 2019, sans pour autant retrouver les plus hauts des dernières années, montre mardi une enquête de Reuters.
La médiane des estimations des 36 analystes et traders spécialisés donne le cours de l’once d’or à 1.305 dollars en moyenne cette année, en hausse d’environ 3% par rapport à sa moyenne de 2018 et légèrement au-dessus de la prévision médiane de l’enquête précédente, il y a trois mois.
En 2020, le prix de l’once de métal jaune devrait atteindre 1.350 dollars en moyenne, un peu en dessous du pic de 2016 (1.374,91 dollars) et de celui de l’an dernier (1.366,07 dollars).
En 2018, l’or a subi sa première baisse en trois ans, conséquence de la concurrence des actions, de la hausse des taux américains et de l’appréciation du dollar, qui le rend plus coûteux pour les investisseurs non-américains.
Il s’est orienté à la hausse depuis le début de cette année, atteignant des plus hauts de sept mois au-delà du seuil technique des 1.300 dollars.
“Un ralentissement des hausses de taux d’intérêt de la Fed, un dollar peut-être plus faible et en tout cas pas plus fort, une poursuite de la correction sur les actions américaines et la poursuite de l’instabilité géopolitique aboutissent à former les conditions idéales (en faveur de l’or)”, résume Frederic Panizzutti, de MKS.
Autre élément porteur: les fonds indiciels (ETF) sur l’or ont augmenté leurs avoirs de quelque quatre millions d’onces, soit de 7,6% de leurs actifs sous gestion, depuis le début du mois d’octobre.
Les spéculateurs sont eux aussi positifs: les positions à l’achat sur le marché Comex dépassaient mi-décembre les positions à la vente. Aucune donnée plus récente n’est disponible en raison du blocage (“shutdown”) pendant plus d’un mois d’une partie des administrations fédérales américaines.
“Nous considérons que l’or est engagé dans un mouvement de reprise de long terme. La première phase, motivée par la normalisation du sentiment sur les marchés à terme, semble achevée et une consolidation à court terme semble probable”, dit Carsten Menke, analyste de Julius Baer.
“La deuxième phase, caractérisée par la baisse du dollar américain, devrait débuter autour du milieu de l’année, avant une troisième phase de retour de la demande d’actifs refuges lorsque les craintes sur la croissance et l’inflation auront saisi les marchés financiers, au début de la prochaine décennie.”
L’or sert régulièrement de protection contre l’inflation, qui érode la valeur des autres catégories d’actifs.
Concernant l’argent, les analystes et traders interrogés prévoient un cours moyen de 16 dollars l’once cette année après 15,68 l’an dernier, donc inférieur à celui de 16,40 qu’ils attendaient il y a trois mois.
La médiane des prévisions avait déjà reculé dans les trois enquêtes précédentes.
En 2020, le prix de l’once d’argent devrait atteindre 17,20 dollars en moyenne.
Le ratio or/argent diminuerait donc après avoir atteint l’an dernier son plus haut niveau depuis près de 25 ans.
“Nous sommes prudemment optimistes sur les cours de l’argent au vu de la situation fondamentalement saine de l’offre et de la demande sur le marché physique”, dit Robin Bhar, analyste de Société générale.
“L’argent est sous-évalué par rapport à l’or et un rattrapage est probable”, ajoute-t-il.