Ministres des Finances et dirigeants des banques centrales du G20 se réunissent, lundi en Inde, pour deux jours de discussions visant à soutenir une économie mondiale en perte de vitesse, la restructuration de la dette et des accords fiscaux internationaux plus équitables étant aussi au programme.
Sous la présidence de la ministre indienne des Finances, Nirmala Sitharaman, les discussions qui se tiendront à Gandhinagar, dans l'Etat du Gujarat (ouest) porteront notamment sur la santé de l'économie mondiale, "la finance durable et les infrastructures".
Les efforts déployés pour lutter contre le surendettement seront au coeur de l'ordre du jour, les pays les plus pauvres du monde étant les plus touchés par la crise de la dette mondiale, à un moment où ils ont plus que jamais besoin d'argent pour lutter contre le changement climatique.
Toutefois, la Chine, deuxième puissance économique mondiale et principal bailleur de fonds de plusieurs pays d'Asie et d'Afrique en proie à des difficultés et à faibles revenus, s'est jusqu'à présent opposée à l'adoption d'une position multilatérale commune sur la question, ont indiqué des responsables.
La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, s'exprimant en marge des discussions du G20 dimanche depuis Gandhinagar, a fait mention des progrès réalisés en matière de restructuration de la dette en Zambie, dont elle avait discuté lors de sa visite à Pékin au début du mois.
Mme Yellen a souligné que l'accord avec la Zambie avait été "trop long à négocier" et a ajouté qu'elle espérait que le traitement de la dette du Ghana et du Sri Lanka pourrait être "finalisé rapidement".
"Nous devrions appliquer à d'autres cas les principes communs que nous avons adoptés dans celui de la Zambie, plutôt que de repartir à zéro à chaque fois", a déclaré Mme Yellen.
"Et nous devons aller plus vite. Plus de la moitié des pays à faible revenu sont proches du surendettement ou en situation de surendettement, soit deux fois plus qu'en 2015", a ajouté Mme Yellen.
Selon un haut fonctionnaire de l'Inde, qui préside le G20, Pékin n'a pas réagi de manière très encourageante sur la question de la compréhension de la dette commune.
Plusieurs économies en difficulté après le double choc de la pandémie de coronavirus et des conséquences de la guerre de la Russie en Ukraine (qui affecte les cours mondiaux des carburants et des matières premières) "atteignent un point de rupture", a ajouté le fonctionnaire.
Pékin est un créancier important dans certains de ces cas et a été critiqué pour sa position sur la restructuration de leur dette.
Le G20 discutera aussi de la réforme des banques multilatérales de développement, de la réglementation des crypto-monnaies et de la nécessité de faciliter l'accès des pays les plus pauvres aux financements destinés à atténuer les effets du changement climatique et à s'y adapter.
"Dans les pays du Nord, le changement climatique est synonyme de réduction des émissions" de CO2, a déclaré Ajay Banga, le nouveau président de la Banque mondiale, dans une tribune publiée cette semaine à l'approche de la réunion.
"Mais dans les pays du Sud, c'est une question de survie", a-t-il poursuivi, "car les ouragans sont plus violents, les semences résistantes à la chaleur sont rares, la sécheresse détruit les fermes et les villes, et les inondations emportent des décennies de progrès".
La première étape d'un accord sur une répartition plus équitable des recettes fiscales provenant des entreprises multinationales, conclu la semaine dernière par 138 pays, devrait également être mise en oeuvre.
Les multinationales, en particulier les entreprises technologiques, sont actuellement en mesure de transférer facilement leurs bénéfices vers des pays à faible taux d'imposition, même si elles n'y exercent qu'une petite partie de leurs activités.
Toutefois, les pays développés membres du G7 craignent que l'accent mis sur l'invasion russe ne fasse dérailler l'accord final, bien que Mme Yellen ait dit dimanche "récuser l'idée d'un troc" entre l'aide à l'Ukraine et celle dédiée aux pays en voie de développement.
Dimanche, le ministre japonais des Finances, Shunichi Suzuki, a "reconfirmé le soutien inébranlable du G7" à l'Ukraine, ajoutant que Moscou devra également "payer les coûts de reconstruction à long terme".
Toute discussion sur le soutien à l'Ukraine est quelque peu inconfortable pour l'Inde, hôte du G20, n'ayant jusqu'à présent pas condamné l'invasion russe, même si elle est membre de l'alliance Quad aux côtés de l'Australie, des Etats-Unis et du Japon.