Cette dégradation est due à l’aggravation des déséquilibres macroéconomiques persistants et la détérioration des courbes de la dette extérieure et de la dette publique, en raison des perturbations économiques dues au choc de la pandémie de coronavirus, a expliqué l’agence.
Selon la même source, l’économie tunisienne connaîtra sa plus forte récession jamais enregistrée cette année, avec un arrêt temporaire du processus d’assainissement budgétaire, une nouvelle augmentation significative de la dette extérieure nette et de la dette publique, dont les ratios sont déjà élevés.
L'agence a expliqué que le déficit courant de la Tunisie continuera de dépasser les médianes actuelles de la catégorie "B" au cours des deux prochaines années et ce, malgré un certain soulagement suite à l'effondrement des prix du pétrole de référence, que l'agence prévoit en moyenne de 35 dollars le baril en 2020, contre 64 dollars le baril en 2019.
Fitch prévoit ainsi que le déficit courant se stabilisera à 9% du PIB en 2020, bien au-dessus de la médiane "B" prévue de 5,2%, car la baisse des recettes extérieures est compensée par une baisse des importations d'énergie ainsi qu'une contraction de l'investissement intérieur et une compression de la demande.
D’après Fitch, le déficit courant ne diminuera que modérément à 7,8% du PIB en 2021 (médiane de la catégorie B prévue de 4,5%) à condition que les exportations se redressent.
Elle a précisé que les déficits courants persistants depuis 2011 ont été principalement nuancés par des emprunts poussant le niveau de la dette extérieure nette de la Tunisie pour atteindre 77% du PIB en 2019, l'un des niveaux les plus élevés parmi tous les pays émergents notés par Fitch. En avril, l’agence de notation Moody’s avait mis en garde le gouvernement tunisien et l’a sommé de contrôler sévèrement ses dépenses, sous peine de dégrader sa notation (rating), de façon à rendre plus difficile et plus coûteux son accès aux emprunts internationaux.
Mardi,le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh avait annoncé que son pays aura besoin de cinq milliards d'euros pour boucler son budget 2020.
"Le budget prévoyait déjà un financement externe de 8 milliards de dinars, soit un peu plus de 2,5 milliards d'euros, je pense que ce chiffre-là va au moins doubler", a déclaré M. Fakhfakh dans un entretien télévisé à la chaîne internationale "France 24".
"Nous sommes en train de voir toutes les pistes aussi bien au niveau international que national", a-t-il ajouté. La loi de finances tablait initialement sur un budget total de 47 milliards de dinars (15 milliards d'euros), dont quasiment un cinquième de ressources externes.
Le FMI a lui annoncé début avril un prêt d'urgence de 745 millions de dollars (685 milliards d'euros), estimant que le PIB du pays pourrait connaître une contraction de 4,3% en 2020, la pire depuis 1956.
"Cela peut être pire, tout dépend de la reprise mondiale", a souligné M. Fakhfakh.