Les pays occidentaux multiplient les sanctions économiques contre Vladimir Poutine, ses proches, ainsi que l'économie russe. Repères.
Fermeture des espaces aériens, gel d'avoirs de personnalités ou d'entreprises, interdiction de transactions financières et commerciales, embargo sur les importations de pétrole et de gaz russes: depuis le début des hostilités en Ukraine, les pays occidentaux multiplient les sanctions économiques contre Vladimir Poutine, ses proches, ainsi que l'économie russe.
Il est privilégié par les Occidentaux afin de limiter les capacités de financement de la guerre.
États-Unis et Union européenne, suivis d'autres pays, ont choisi de viser directement la banque centrale russe, interdisant toute transaction avec l'institution monétaire russe et immobilisant ses actifs en devises. Conséquence: le rouble est en chute libre par rapport au dollar et les retraits aux guichets se sont multipliés.
Autre coup sévère: l'exclusion des principales banques du pays du système interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale permettant de communiquer rapidement et de manière sécurisée au sujet de transactions.
Afin de limiter le risque de contournement des sanctions, les pays du G7 et de l'UE envisagent de prendre des dispositions spécifiques aux cryptomonnaies, sur lesquels de nombreux Russes se sont rués en espérant y trouver une valeur refuge.
Les États-Unis ont annoncé mardi un embargo sur les importations de pétrole et gaz russes, décidé "en coordination étroite" avec ses alliés, a précisé le président américain Joe Biden.
Le Royaume-Uni lui a en effet emboîté le pas en ce qui concerne le pétrole, annonçant arrêter d'ici fin 2022 les importations de brut et produits pétroliers russes.
Les alliés européens se sont pour l'instant refusés à tout embargo, l'Europe étant nettement plus dépendante des approvisionnements russes que les États-Unis. L'Allemagne, les Pays-Bas et la Bulgarie ont signifié mardi leur franche opposition à cette idée, quand le gouvernement français a promis que l'UE resterait "unie" sur cette question.
Par ailleurs Gazprom, le géant russe du gaz, fait partie des entreprises qui n'ont plus la possibilité de lever des fonds sur les marchés financiers occidentaux.
Autre décision symbolique, la suspension du gazoduc Nord Stream 2, qui devait permettre d'augmenter les livraisons de gaz russe à destination de l'Allemagne. La société qui le gère a d'ailleurs déposé le bilan.
L'espace aérien de l'ensemble des membres de l'OTAN et de l'UE est désormais fermé aux avions russes, obligeant la compagnie aérienne russe Aeroflot à suspendre de nombreux vols. En représailles, la Russie a interdit le survol de son territoire par les compagnies aériennes de ces pays, forçant de nombreuses compagnies à revoir leurs routes vers l'Asie.
Plus largement, l'ensemble de l'industrie aéronautique russe est visée: l'UE et le Canada ont interdit l'exportation vers la Russie d'avions, pièces et équipements de l'industrie aéronautique et spatiale. Boeing et Airbus ont annoncé qu'ils ne fournissaient plus de pièces de rechanges et de maintenance pour les avions immatriculés en Russie.
Londres a ajouté un niveau en interdisant l'accès des entreprises russes d'aviation et d'aérospatiale aux services d'assurance et de réassurance.
Le transport maritime n'est pas épargné: le Royaume-Uni a fermé l'ensemble de ses ports aux navires battant pavillon russe mais également affrétés ou détenus par des Russes. Les armateurs Maersk, CMA CGM, Hapag Lloyd et MSC ont annoncé la suspension des livraisons à destination de ports russes.
L'exportation de semi-conducteurs et équipements technologiques a été la première phase, dès le début de l'invasion par le Japon, parmi l'un des principaux producteurs, puis par les États-Unis, alors que ces composants électroniques sont désormais essentiels à une large gamme de produits industriels.
La semaine dernière, la Maison-Blanche a élargi les interdictions, d'une part à destination de l'industrie de défense russe, en gelant les avoirs des entreprises aux États-Unis et en interdisant toute transaction avec des entreprises ou des personnes américaines, d'autre part en bloquant les exportations vers la Russie d'équipements et technologies nécessaires à l'industrie pétrolière, principale source de devises du pays.
Washington en a profité pour élargir ses sanctions au Bélarus, pour son aide apportée à l'invasion russe.
Le Canada de son côté va révoquer le statut commercial spécial de la Russie et du Bélarus, entraînant une taxe d'importation de 35% sur les produits des deux pays.
L'UE a interdit de diffusion les médias d'État russes RT et Sputnik, quel que soit leur canal de diffusion, radiotélévisé ou via internet.
Facebook, filiale de Meta, et YouTube, filiale de Google ont de leur côté décidé de bloquer les publications de ces médias en Europe.
Plus largement, Google a annoncé avoir suspendu la possibilité par des médias financés par l'État russe de générer de l'argent sur ses plateformes.
Plusieurs personnalités russes de premier plan font également l'objet de sanctions. Côté politique, elles concernent 350 députés, le cercle proche du président russe, dont son Premier ministre Mikhail Michoustine ou son ministre des Affaires étrangères Sergei Lavrov, mais aussi Vladimir Poutine lui-même.
Elles touchent aussi de nombreux hommes d'affaires russes, parmi lesquels Roman Abrahamovitch, le propriétaire du club anglais de Chelsea, qu'il a mis en vente, ou le patron du groupe pétrolier Rosneft, Igor Setchine.
Les sanctions incluent l'interdiction de se rendre dans les pays européens ainsi que le gel de leurs avoirs qui y sont présents. En France, le yacht d'Igor Setchine a été saisi jeudi. Plusieurs autres oligarques, à l'image de M. Abrahamovitch, ont déplacé les leurs aux Maldives pour éviter un destin similaire.
Washington a décidé d'aller plus loin, en créant une cellule d'enquêteurs chargés d'engager des poursuites contre les "oligarques russes corrompus", ainsi que tous ceux qui violeraient les sanctions.
Avec AFP.