(Reuters) - London Stock Exchange est entré vendredi en négociations exclusives pour céder Borsa Italiana, l’opérateur de la Bourse de Milan, à Euronext, dont l’offre s’appuie sur deux grands acteurs du monde des affaires en Italie, qui entreront à son capital.
L’allemand Deutsche Börse et le suisse SIX étaient aussi sur les rangs pour reprendre Borsa Italiana, mis en vente par LSE afin d’obtenir le feu vert des autorités européennes à l’acquisition de Refinitiv, fournisseur de données et d’analyses financières, pour 27 milliards de dollars.
Thomson Reuters, maison mère de Reuters News, possède 45% du capital de Refinitiv.
Ces différentes offres valorisaient Borsa Italiana entre 3,5 et 4,0 milliards d’euros, selon plusieurs sources.
On ignore le montant exact proposé par Euronext mais les investisseurs ont salué cette annonce en faisant grimper l’action de l’opérateur de la Bourse de Paris de plus de 4% dans la matinée.
Le contrôle de Borsa Italiana est un sujet politiquement sensible à Rome car sa plateforme obligataire traite une grande partie des transactions sur la dette de l’Italie, l’une des plus élevées de la zone euro.
Alors que, selon des sources, SIX proposait un montant supérieur, Euronext s’est associé à l’établissement public italien Cassa depositi e Prestiti (CDP) et à la banque Intesa Sanpaolo pour cette offre, qui ferait de l’Italie sa principale source de revenus.
“L’association de Borsa Italiana et d’Euronext créerait un acteur majeur sur les marchés de capitaux d’Europe continentale”, a dit Euronext dans un communiqué.
Si les discussions avec LSE aboutissent, la CDP et Intesa deviendront des actionnaires de référence d’Euronext via une augmentation de capital réservée.
La CDP disposerait alors d’un représentant au conseil d’administration d’Euronext et un autre candidat italien serait proposé pour intégrer le conseil en tant que membre indépendant en vue d’en prendre la présidence.
L’administrateur délégué de Borsa Italiana intégrerait pour sa part la direction d’Euronext.
“Borsa Italiana maintiendrait ses actuelles fonctions, structure et relations au sein de l’écosystème italien et préserverait son identité italienne et ses forces”, souligne Euronext.
Avec Borsa Italiana, Euronext élargirait non seulement sa présence en Europe, où il possède déjà les Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Dublin, Oslo et Lisbonne, mais aussi ses capacités en matière de trading obligataire, de compensation et de règlement des transactions.
“Des activités importantes et des fonctions centrales du nouveau groupe seraient basées à Milan et Rome”, dit Euronext.
Le fait que la propriété de la Bourse de Milan passe de Londres à la zone euro au moment où le Royaume-Uni s’apprête à quitter l’Union européenne dans un climat de tensions devrait aussi ravir les responsables européens, désireux de renforcer les marchés de capitaux sur le continent.
SIX et Deutsche Börse ont dit prendre note de la décision de LSE.