Lundi 09 Janvier 2023

Etats-Unis: flambée des salaires et inflation, une équation aux multiples inconnues

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Livreurs, serveurs, vendeurs, ont vu leurs salaires flamber aux Etats-Unis depuis deux ans, à cause d'une importante pénurie de main d'oeuvre. De timides signes de modération semblent apparaître, condition indispensable pour que la forte inflation ralentisse, mais les risques demeurent.
 


Le salaire horaire moyen a connu en décembre sa plus faible croissance depuis août 2021: +4,6% par rapport à décembre 2021, contre +4,8% en novembre, selon les données du département du Travail publiées vendredi.

Ces chiffres montrent que la croissance des salaires "ralentit", a commenté Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics, dans une note.

C'est "essentiel pour que l'inflation reste faible" une fois qu'elle aura commencé à ralentir, détaille-t-il.

Le pic avait été enregistré en mars, avec une hausse de 5,6% sur un an.

"Nous observons une réduction de la pression sur les salaires", avait indiqué jeudi lors d'une conférence téléphonique Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP - entreprise qui gère les paiements de salaires et publie une enquête mensuelle sur l'emploi privé.

"C'est positif, car pour que l'inflation ralentisse, les salaires doivent progresser à un rythme sain", avait-elle souligné.

Mais ce ralentissement est une moins bonne nouvelle pour les travailleurs, car "les salaires, même à des niveaux élevés, ne suivent pas une inflation trop forte", a-t-elle nuancé.

Les deux courbes se rapprochent cependant, puisque dans le même temps, l'inflation a ralenti en novembre, à 7,1% sur un an, selon l'indice CPI, sur lequel sont indexées les retraites américaines.

La flambée des salaires, néanmoins, "reste un risque pour l'inflation, en particulier dans les services aux consommateurs", alerte encore l'économiste.

Car la situation reste tendue.

"Les entreprises sont toujours obligées d'augmenter les salaires pour retenir les travailleurs et ont du mal à pourvoir les postes vacants", a expliqué à l'AFP Julia Pollak, cheffe économiste pour le site d'annonces d'emplois ZipRecruiter.

"Donc, la pression salariale à la hausse perdurera dans un avenir prévisible", anticipe-t-elle.

D'autant plus que le manque de main d'oeuvre risque de se prolonger.

Cette pénurie est "structurelle", et il y a "4 millions de personnes qui manquent", avait indiqué, en décembre, le président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell.

En cause, de nombreux départs à la retraite depuis le début de la pandémie, qui a par ailleurs fait 1,5 million de morts. Mais aussi une immigration insuffisante, liée à la politique de l'ancien président Donald Trump, puis à la fermeture des frontières américaines pendant un an et demi à cause du Covid.

Par conséquent, les employeurs américains, depuis deux ans, ne parviennent pas à trouver suffisamment de personnel de ménage, chauffeurs, professeurs, ... Et, pour attirer les candidats, proposent une meilleure assurance-santé, des horaires flexibles ou réduits, la possibilité de télétravailler, et de l'argent.





Ainsi en avril 2020, lorsque les Etats-Unis étaient confinés à leur tour, les salaires avaient bondi de 8% par rapport à avril 2019, selon les données du département du Travail.

Les employés de la vente au détail et de la santé, sur le front malgré les risques, avaient connu les premières fortes hausses.

Avaient suivi l'hôtellerie, le transport, la logistique, où "les salaires sont relativement bas". Les travailleurs non cadres ont obtenu des augmentations de salaires à deux chiffres pendant un certain temps", a détaillé Julia Pollak.

En face, les sirènes du télétravail et ses nombreux avantages séduisaient largement. Mais le ralentissement de la hausse des salaires est aujourd'hui un élément important pour la Fed, dans sa lutte contre l'inflation. En effet, elle fait volontairement ralentir l'activité économique avec ses hausses de taux, au risque de faire grimper la courbe du chômage.

 

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