La croissance de l'économie américaine n'atteindra pas plus l'an prochain que cette année l'objectif de 3% que l'administration Trump s'est fixé, même en cas de mise en oeuvre des mesures de relance fiscales et budgétaires promises pendant la campagne présidentielle, estiment des économistes interrogés par Reuters.
Ces prévisions reflètent en partie les doutes sur la capacité du président Donald Trump de faire adopter rapidement des mesures de relance après le cuisant revers qu'il a essuyé sur la réforme du système de santé.
Les marchés financiers américains et le dollar, qui s'étaient envolés avec les espoirs d'une relance massive de l'économie après l'élection de Trump le 8 novembre, ont perdu de leur élan et le rendement des Treasuries à 10 ans est récemment tombé à un plus bas de cinq mois.
"Les anticipations sur l'ampleur de la relance budgétaire à venir était excessive à l'approche de cette année", a dit Ethan Harris, responsable de la recherche économique de Bank of America Merrill Lynch. "Les marchés reviennent maintenant à un peu plus de scepticisme sur ce sujet."
La médiane des prévisions de croissance des plus de 100 économistes interrogés ente le 7 et le 19 avril ressort à 2,3% sur l'ensemble de cette année et 2,4% en 2018.
Signe toutefois de leur confiance dans la solidité de la reprise américaine, ils ont relevé leurs prévisions de la croissance en rythme annuel pour le deuxième trimestre dont la médiane s'établit à 2,7% contre 2,4% dans l'enquête du mois dernier. Les médianes des prévisions pour le troisième et le quatrième trimestres sont en revanche inchangées.
Les économistes ont eu tendance au cours des dernières années à réviser en baisse en cours d'année leurs prévisions de croissance.
Près des trois quarts des 40 économistes interrogés qui ont répondu à une question sur la mise en oeuvre de mesures de relance fiscales et budgétaires ont dit s'y attendre.
La Réserve fédérale, de son côté, n'a pas pris en compte dans ses prévisions la perspective de telles mesures.
Les économistes anticipent que la bonne tenue du marché du travail poussera la banque centrale à procéder à deux nouveaux relèvements de ses taux directeurs cette année.
Après avoir préparé les marchés à cette éventualité, la Fed a relevé ses taux directeurs en mars de 25 points de base, pour la deuxième fois en trois mois, portant la fourchette cible des fonds fédéraux ente 0,75% et 1%.
Seuls quelques économistes s'attendent à plus de deux hausses de taux directeurs cette année et à une croissance annualisée approchant des 3%.
"Très peu de gens anticipent une croissance de 3%", a dit Jim O'Sullivan de High Frequency Economics qui s'est imposé comme le meilleur prévisionniste sur les données économiques américaines dans les enquêtes mensuelles de Reuters au cours de deux dernières années.
"Même les 2% (de croissance) que nous avons enregistrés ont été suffisants pour faire baisser le taux de chômage au cours de ce cycle et pour pousser la Fed à commencer une phase de durcissement."
L'enquête montre que l'inflation sous-jacente, la mesure de l'inflation privilégiée par la Fed, devrait atteindre l'objectif de 2% l'an de la banque centrale en fin d'année malgré une progression des salaires à la traîne.
La médiane des prévisions pour cet indicateur ressort à 1,8% en moyenne annuelle en 2017 et 2,0% l'année prochaine.
Aucun relèvement de taux n'est attendu lors de la réunion de politique monétaire du mois prochain et les données de marché montrent que les investisseurs accordent une probabilité d'un peu plus de 45% à une hausse en juin.
Les économistes interrogés s'attendent à une hausse de taux au deuxième trimestre et à une autre dans les trois derniers mois de l'année, ce qui porterait la fourchette cible des fonds fédéraux à 1,25%-1,50%.
A moins que les chiffres de l'inflation soient beaucoup plus élevés qu'attendu, je ne vois pas de toute façon la Fed faire plus d'une hausse de taux par trimestre", a dit O'Sullivan.
La Fed pourrait présenter d'ici la fin de l'année les modalités d'un ralentissement des réinvestissements des tombées des titres qu'elle détient en portefeuille avec pour objectif de réduire progressivement la taille de son bilan qui atteint actuellement quelque 4.500 milliards de dollars.
"Encore deux hausses et puis une pause pour la normalisation du bilan en décembre, cela paraît très réaliste", a dit O'Sullivan. "Bien sûr les marchés n'ont pas encore intégré cela pour l'instant."