(Reuters) - Les membres de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain ont conclu mercredi un accord ouvrant la voie à un alourdissement des sanctions imposées à la Russie, à l'Iran et à la Corée du Nord.
Le texte, adopté la veille à une très large majorité par la Chambre des représentants, doit maintenant être approuvé en séance plénière et promulgué ou non par le président.
"Je suis heureux d'annoncer que nous avons conclu un accord qui va nous permettre de déposer la loi sur les sanctions sur le bureau du président", se félicite Bob Corker, président de la commission, dans un communiqué.
Républicains et démocrates veulent sanctionner l'annexion russe de la Crimée en mars 2014 et les ingérences de Moscou dans la campagne présidentielle américaine de 2016, qui font l'objet de plusieurs enquêtes parlementaires.
La Maison blanche a fait savoir que Donald Trump n'avait pas encore pris de décision quant à la promulgation du texte, qui pourrait compromettre ses projets de rapprochement avec Moscou. Il pourrait toutefois être adopté avec une marge suffisante pour passer outre à un éventuel veto présidentiel. PLONGÉE DANS L'INCONNU
A Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a dénoncé un coup porté au droit et au commerce international, un geste extrêmement inamical et une triste nouvelle pour les relations russo-américaines, évoquant la possibilité de représailles.
Selon le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, il n'y a désormais plus aucun moyen d'améliorer les relations avec Washington.
Le président iranien, Hassan Rohani, a quant à lui promis des représailles si de nouvelles sanctions américaines entrent en vigueur.
Les Etats-Unis ont déjà imposé de nouvelles mesures de rétorsion à Téhéran le 18 juillet. Hassan Rohani les a jugées contraires aux engagements pris par Washington dans le cadre de l'accord sur le programme nucléaire iranien de juillet 2015. A Bruxelles, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a averti que l'UE réagirait en cas de promulgation des nouvelles sanctions, qui pourraient affecter la sécurité énergétique de l'UE.
Le projet adopté mardi à Washington envisage d'infliger des sanctions "à n'importe quelle compagnie (y compris européenne) qui contribue au développement, à la maintenance, la modernisation ou la réparation de pipelines exportant de l'énergie en provenance de la Russie", indique la Commission.
Cela pourrait affecter les gazoducs alimentant l'Ukraine ou des projets cruciaux pour l'indépendance énergétique de l'UE, comme le projet Baltic LNG (Liguefied Natural Gas), souligne-t-elle.
Dans son communiqué, Jean-Claude Juncker rappelle que l'UE est pleinement engagée dans la mise en oeuvre des sanctions contre la Russie mais réclame une étroite coordination entre membres du G7 pour assurer l'application des accords de paix de Minsk sur le conflit ukrainien.
L'UE a déclaré qu'elle ferait part de ses préoccupations aux Etats-Unis par "tous les canaux diplomatiques".
La France a jugé de son côté que la proposition de loi du Congrès américain apparaissait "illicite au regard du droit international" et a appelé à une concertation au niveau européen.
En Allemagne, la Chambre de commerce et d'industrie a estimé que le projet américain risquait de nuire à la sécurité énergétique de l'Allemagne et semblait conçu pour favoriser les entreprises américaines.