AMSTERDAM (Reuters) - La première émission par l’Union européenne d’obligations destinées à financer le chômage partiel a suscité une demande de 233 milliards d’euros, ont annoncé mardi les banques chefs de file, un montant sans précédent dans l’histoire des marchés de la dette qui marque un démarrage prometteur pour un programme appelé à faire de l’UE l’un des plus gros emprunteurs du continent.
L’UE a levé 17 milliards d’euros en émettant des obligations dites “sociales” à dix et 20 ans.
Cette opération constitue la première étape d’un plan qui doit multiplier par 15 en moins de dix ans la dette de l’Union européenne pour financer ses deux programmes de soutien financier aux Etats membres. Elle marque aussi un pas supplémentaire vers la mutualisation de la dette, sujet encore tabou pour certains pays partisans d’une stricte orthodoxie budgétaire.
“C’est absolument spectaculaire”, a commenté Matthew Cairns, stratège senior de Rabobank, à propos de la demande. “Cela montre au marché comme à l’UE qu’il y aura une demande pour ces obligations.”
Les titres présentent l’avantage, aux yeux des investisseurs, d’offrir un rendement proche de celui des obligations d’Etat françaises et une notation supérieure. L’UE est en effet notée “triple A”, l’échelon suprême, par deux des trois principales agences de notation.
Le rendement des titres à dix ans, émis pour un montant de 10 milliards d’euros, a été fixé à -0,238% celui de la tranche à 20 ans, d’un montant de sept milliards, à 0,131% selon une note d’une banque chef de file que Reuters a pu consulter.
La demande a représenté plus de 145 milliards d’euros pour les obligations à dix ans et 88 milliards pour la tranche à 20 ans.
La Banque centrale européenne (BCE) devrait racheter une bonne partie des obligations émises sur le marché secondaire dans le cadre de ses propres programmes de soutien, ce qui constitue un soutien supplémentaire à la demande, expliquent des analystes.
L’UE prévoit de lever environ 30 milliards d’euros cette année pour le programme SURE (“Support to mitigate Unemployment Risks in an Emergency”, littéralement “soutien pour réduire les risques de chômage en situation d’urgence”), dont le montant global pourrait atteindre 100 milliards.