FRANCFORT (Reuters) - Le président de la Banque centrale européenne (BCE) a cherché mardi à dissiper les tensions aussi bien avec Rome qu‘avec les institutions de l‘Union européenne sur la question du traitement des créances bancaires douteuses, ouvrant la voie à une approche collaborative dans le traitement de ce problème considéré comme l‘un des freins à la reprise économique au sein de la zone euro.
“La question la plus importante actuellement est de s‘attaquer à cette question des prêts non performants (NPL)”, a déclaré Mario Draghi, qui intervenait à l‘occasion d‘un colloque organisé par la BCE.
Cette dernière s‘est attirée les foudres de Rome et du président italien du Parlement européen, Antonio Tajani, en raison de ses projets concernant les règles de provisionnement des créances douteuses existantes et à venir.
L‘Italie craint que les nouvelles règles envisagées ne contraignent ses banques à lever de nouveaux fonds propres et à freiner leur distribution de crédits au risque de fragiliser la reprise en cours de l’économie.
Les législateurs européens, qui planchent eux aussi sur de nouvelles règles en la matière, s‘inquiètent de voir la BCE intervenir dans un domaine dont ils estiment qu‘il relève de leur seule compétence.
“Nous avons besoin d‘un effort conjoint des banques, des superviseurs, des régulateurs et des autorités nationales pour régler ce problème de manière ordonnée”, a poursuivi Mario Draghi, lui aussi de nationalité italienne.
Des propos qui renforcent la perspective de voir les règles proposées par la BCE concernant les encours de prêts douteux influencées par les propositions que prépare la Commission européenne sur le même sujet.
Le président de l‘Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a dit lundi qu‘il y avait “un accord général” au sein des ministres des Finances de la zone euro sur l‘approche de la BCE en la matière.
Le ministre de l‘Economie italien, Pier Carlo Padoan, a toutefois fait part de son désaccord mardi déclarant que les projets de la BCE allaient “au-delà des limites de la supervision” assignées à la BCE, appelant de ses voeux “un calendrier et une méthode raisonnable” qui ne soit pas source de “nouvelles fragilités.”
Intervenant après Mario Draghi, la présidente du conseil de surveillance prudentielle de la BCE, Danièle Nouy, a souligné qu‘une approche “au cas par cas” serait retenue pour le provisionnement de l‘encours existant de prêts non performants.
“Pour les prêts non performants existants, eh bien, la situation est très diverse, et cela relève donc d‘une évaluation et de solutions au cas par cas”, a-t-elle déclaré.
“Nous travaillons avec toutes les banques qui ont des niveaux trop élevés d‘expositions non performantes”, a-t-elle poursuivi.
Des sources au fait du dossier ont dit à Reuters que la BCE réexaminait son approche sur les prêts non performants existants, quelle prévoyait de calquer sur celle retenue pour ce type d‘engagements à l‘avenir, notamment du fait du rejet italien.