Les places financières européennes ont monté copieusement de 1,42% à Paris, de 1,75% à Francfort et de 1,79% à Londres, sans compenser toutefois les pertes de la semaine passée générées par des craintes concernant la solidité du système bancaire.
Rudement attaquées la semaine dernière, les valeurs bancaires ont continué de redresser la barre à l'instar d'UBS (+12,12%), Deutsche Bank (+6,05%), Commerzbank (+7,44%) ou encore BNP Paribas (+4,15%) et Société Générale (+4,30%).
Après ses lourds déboires, Credit Suisse a repris 6,96% et la banque américaine First Republic, encore laminée à Wall Street lundi, remontait d'environ 42% vers 17H00 GMT.
Ce rebond des titres bancaires intervient deux jours après le sauvetage in extremis de Credit Suisse, racheté une bouchée de pain par sa concurrente et compatriote UBS.
La Bourse de New York regagne également du terrain, soutenue par un rebond des actions bancaires: l'indice Dow Jones avance de 0,50%, l'indice élargi S&P 500 de 0,70% et le Nasdaq de 0,96%.
Après les grosses pertes enregistrées la semaine dernière, les rendements obligataires rebondissent eux aussi.
"Les acteurs du marché ont réévalué la situation actuelle du secteur bancaire et ne considèrent plus l'impact potentiel sur les banques et institutions financières européennes comme trop lourd", selon Andreas Lipkow, analyste indépendant.
Néanmoins, souligne-t-il, "les évolutions du secteur financier américain sont toujours surveillées et le comportement de la Réserve fédérale américaine demain (mercredi) ne doit pas être sous-estimé".
Les gouvernements et autorités monétaires tant aux Etats-Unis, après la faillite des établissements américains Silicon Valley Bank (SVB) et Signature Bank plus tôt dans le mois, qu'en Europe avec Credit Suisse, ont apporté des réponses fortes pour rassurer sur la solidité financière.
Malgré les fortes turbulences dans le secteur financier depuis la faillite de SVB, la confiance des déposants "est forte" dans les banques européennes, qui sont réputées solides, a affirmé mardi Andrea Enria, haut responsable de la Banque centrale européenne (BCE).
Selon des extraits de son discours lors du colloque annuel de l'Organisation des banquiers américain (ABA) à Washington, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a assuré que les réponses apportées par la Fed depuis une semaine "fonctionnent comme prévu pour fournir des liquidités au système bancaire" et que "les retraits d'argent des banques régionales se sont stabilisés".
Le secteur bancaire aux Etats-Unis "reste solide, résilient, bien capitalisé" et "dispose de liquidités", a assuré de son côté le patron de l'ABA, Rob Nichols.
Après la BCE, qui a poursuivi la semaine dernière le cap du resserrement monétaire sans s'engager sur le prochain mouvement de taux, les investisseurs observeront la réaction de la Fed, qui doit rendre sa décision de politique monétaire mercredi à l'issue de deux jours de réunion.
Les investisseurs ont revu drastiquement à la baisse leurs anticipations du pic des taux directeurs, le principal outil des banques centrales pour combattre l'inflation, au nom de la stabilité du secteur financier.
"L'exercice de la Fed n'est donc assurément pas des plus aisés, mais pourrait être simplifié par la souplesse que lui offre, au moins sur le papier, la posture qu'elle a jusqu'alors privilégiée, à savoir: rien n'est prédéfini", selon Véronique Riches-Flores, économiste du cabinet RichesFlores.
Toutes les options sont ouvertes, note Mme Riches-Flores, "y compris la possibilité de renouer avec une politique nettement plus agressive à terme, si, la crise bancaire actuelle circonscrite, l'économie américaine poursuit sur sa trajectoire de croissance actuelle".