LONDRES, 20 février (Reuters) - L'essor des voitures électriques autonomes et du covoiturage va freiner la consommation de pétrole d'ici 2040, estime BP dans son rapport annuel sur les perspectives énergétiques publié mardi, dans lequel la compagnie britannique prédit pour la première fois un pic de la demande.
Dans cet Energy Outlook qui fait référence, BP s'attend à une multiplication par 100 du nombre de véhicules électriques d'ici 2040. Spencer Dale, l'économiste en chef du géant pétrolier, décrit un monde où l'on se déplacera bien davantage, mais en recourant au covoiturage dans des véhicules autonomes.
La demande accrue de pétrole, émanant notamment des économies indienne et chinoise, sera plus que compensée par l'amélioration de l'efficacité énergétique des moteurs à essence et le développement des véhicules électriques (VE).
A la différence d'autres prévisions, y compris dans le précédent Energy Outlook, qui ne prenaient en compte que la part croissante des VE dans le parc automobile, BP s'est intéressé cette année à la part des kilomètres parcourus par les VE.
A évolution technologique et réglementaire constante, le groupe estime que 30% des kilomètres parcourus le seront grâce à l'énergie électrique d'ici 2040, contre quasiment zéro en 2016.
Dans le même temps, le nombre de VE devrait passer de trois millions d'unités aujourd'hui à plus de 320 millions, représentant 15% du parc automobile mondial de deux milliards de véhicules.
"Les voitures seront de plus en plus intensément utilisées avec le temps", a déclaré Spencer Dale avant la publication de ce rapport.
Conséquence, la demande d'essence pour le parc automobile devrait baisser à 18,6 millions de barils par jour en 2040, contre 18,7 millions en 2016.
BP pense que les véhicules autonomes commenceront à être commercialisés au début de la décennie 2020. Leur coût élevé dans un premier temps donne à penser que la majorité de ces véhicules seront achetés par des gérants de flottes proposant des services de mobilité.
BP, qui tablait l'an dernier sur 100 millions de VE en 2035, a largement revu à la hausse sa prévision en raison notamment du succès des véhicules hybrides.
Le groupe ne prévoyait pas de pic de la demande de pétrole dans ses prévisions allant jusqu'en 2035.
Comme d'autres compagnies pétrolières telles que Royal Dutch Shell et Total, BP parie que le secteur pétrochimique alimentera une hausse de la demande dans les décennies à venir.
Si globalement la demande continuera à progresser, au rythme de 1,3% par an jusqu'en 2040, notamment avec la Chine et l'Inde, le monde est en train d'apprendre "à faire plus avec moins d'énergie", a souligné Spencer Dale. (Ron Bousso Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Bertrand Boucey) Reuters