Le gouvernement sud-africain a dévoilé, jeudi, un nouveau plan visant à faire sortir le pays de la récession. Cependant, le plan suscite déjà de nombreuses interrogations parmi les analystes, qui doutent de son efficacité dans une conjoncture de profonde incertitude politique dans le pays.
Des analystes, cités par les médias locaux, ont souligné que le plan mis sur la table par le ministre des Finances, Malusi Gigabi, ne comprend aucune mesure concrète pour relancer la croissance économique.
Le pays est en récession, après avoir concédé en mars 2017 un deuxième trimestre consécutif de croissance négative. A 27,7 pc de la population active, le taux de chômage est à son niveau le plus élevé depuis plus de 14 ans.
L’incertitude politique, résultat des divisions au sein de l’ANC au pouvoir, aggrave la crise économique dans un pays où la confiance des investisseurs est en berne suite à la dégradation de sa note souveraine par les principales agences de notation.
«Le plan annoncé par le gouvernement ne prévoit rien de concret pour remettre l’économie sur la voie d’une croissance inclusive», indique Peter Attard Montalto, analyste au cabinet Nomura.
Il argumente que l’actuel climat d’incertitude dans le pays rend presque impossible la mise en œuvre du plan, indique l’analyste, qui s’attend à un immobilisme au niveau des décisions politiques et économiques en attendant le congrès du parti de l’ANC au pouvoir, prévu en décembre prochain.
Ce congrès sera marqué essentiellement par l’élection d’un nouveau chef du parti pour remplacer le président Jacob Zuma.
Il s’agit d’une échéance d’une grande importance stratégique pour le parti, qui souffre d’une baisse sans précédent de sa popularité en raison des scandales politico-financiers dans lesquels le président s’est empêtré depuis son élection à la magistrature suprême du pays.
Les divisions qui déchirent l’ANC au sujet de l’avenir de Zuma et de sa succession aggravent l’incertitude, soulignent les analystes.
«Cette incertitude entravera toute réforme réelle de stimuler la croissance», a dit Montalto, estimant que le nouveau plan de Gigaba tend à «offrir des solutions faciles sans lendemain».
Pour faire sortir le pays de la récession, la première depuis celle de 2009, le plan gouvernemental préconise notamment la privation partielle de certaines compagnies publiques.
Au-delà de la conjoncture économique et sociale difficile dans le pays, cette proposition marque un changement important pour l’ANC, qui a depuis toujours diaboliser la privatisation pour satisfaire ses alliés, notamment les syndicats et le parti communiste.
Des experts sud-africains avaient recommandé l’ouverture au privé du capital de certaines compagnies publiques. Les agences de notation ont récemment estimé que certaines de ces compagnies dont la compagnie aérienne, South African Airways, et l’office national de l’électricité (Eskom) et la compagnie nationale de logistique (Transnet) constituaient des menaces pour la note souveraine du pays.
Selon les analystes, plusieurs des 300 compagnies étatiques sont devenues un fardeau financier.