L’agence internationale de notation Moody’s a épinglé, jeudi, la politique de transformation économique radicale, proposée par l’African National Congress (ANC, au pouvoir) dans le but de réduire les disparités sociales toujours criantes dans le pays plus de deux décennies après la fin du régime de la ségrégation raciale.
La mise en œuvre de cette politique risque de pénaliser l’économie et dissuader les investisseurs, indique l’agence dans une analyse consacrée à la situation économique en Afrique du Sud.
Accusé d’avoir trahi les promesses faites depuis la fin officielle de l’apartheid en 1994, le président Jacob Zuma et son gouvernement ont fait de la transformation économique radicale leur cheval de bataille ces derniers-mois, promettant entre autres une redistribution des terres en faveur de la majorité noire.
Le gouvernement est critiqué de toutes parts sur fond d’une aggravation des déficits sociaux. Le chômage a atteint des niveaux pour le moins alarmants, affectant 27,7 pc de la population active et la pauvreté frappe plus de 55 pc de la population globale de ce pays, pourtant présenté comme le plus industrialisé du continent africain.
Dans son analyse de l’économie sud-africaine, Moody’s a fait savoir qu’elle ne s’attend pas à la mise en œuvre d’une politique de réformes progressistes en Afrique du Sud d’ici au mois de décembre, date de la tenue de la conférence élective de l’ANC.
Lors de cette conférence, le parti de Nelson Mandela devra élire un nouveau leader en remplacement du président Zuma.
Zuzana Brixiova, analyste à Moody’s, estime que le gouvernement de l’ANC subit des pressions pour augmenter les dépenses publiques face à l’aggravation de la pauvreté dans un environnement économique difficile.
L’attachement à des politiques comme celle de la transformation économique radicale ne fera que dissuader davantage les investisseurs, a-t-elle dit.
L’Afrique du Sud vient de marquer sa sortie de la récession suite à une progression de 2,5 pc de son taux de croissance au deuxième trimestre de 2017. Cependant, cette légère hausse a été jugée insuffisante.
D’autres chiffres publiés cette semaine ont montré que la confiance des investisseurs dans les perspectives de l’économie sud-africaine se trouve à son niveau le plus bas depuis 30 ans.
L’analyste de Moody’s a souligné, dans ce contexte, que son agence s’attend à la persistance du blocage au niveau de la mise en œuvre de réformes structurelles en raison de l’incertitude qui prévaut dans le pays à l’approche de la conférence décisive de l’ANC.
Ce climat devra continuer à peser lourd sur la confiance des investisseurs, a-t-elle dit.
Moody’s avait dégradé, en juin dernier, la note souveraine sud-africaine à BAA3, soit un cran au-dessus du niveau spéculatif. Cette note fera l’objet d’une nouvelle révision en novembre prochain.