La Fed note "l'absence de progrès" ces derniers mois vers l'objectif de 2% d'inflation.
La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu mercredi ses taux inchangés à l'issue de sa dernière réunion, faisant état de l'"absence de progrès" récents sur le front de l'inflation, mais a annoncé qu'elle commencerait en juin à réduire moins vite le volume d'actifs à son bilan.
Les taux restent dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, a précisé la banque centrale américaine dans un communiqué, annonçant cependant qu'elle commencera à partir de juin à ralentir le rythme de réduction de ses actifs, ce qui signale un début d'assouplissement de sa politique monétaire.
Cela a pour effet de maintenir à un niveau élevé les taux d'intérêts des prêts immobiliers, des cartes de crédit, des prêts automobiles ... afin d'empêcher les prix de continuer à flamber.
Le président de la Fed Jerome Powell doit tenir une conférence de presse à 14H30 locales (18H30 GMT).
Le Comité de politique monétaire (FOMC) précise que "ces derniers mois, il y a eu une absence de progrès supplémentaires vers l'objectif du Comité de 2% d'inflation".
L'inflation semblait sur la bonne trajectoire pour rejoindre progressivement son objectif de 2%. Mais depuis janvier, elle est repartie à la hausse, à 2,7% sur un an en mars, selon l'indice PCE privilégié par la Fed - celui qu'elle souhaite ramener à 2% -, et à 3,5% selon l'indice CPI.
La Fed maintient "sa position, comme si elle faisait une pose de yoga. Ils doivent maintenir les taux, au moins au niveau actuel", sous peine de faire face à "une reprise de l'inflation", a commenté mercredi lors d'une conférence téléphonique (avant la décision) Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP, qui publie une enquête mensuelle sur l'emploi privé.
Les marchés, qui étaient pleins d'espoir de voir les taux commencer à baisser en juin, misent désormais plutôt sur septembre, ou même novembre, selon l'estimation de CME Group.
"La Fed aura besoin de plusieurs mois de bonnes nouvelles en matière de croissance des salaires et d'inflation", note Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.
La Réserve fédérale marque cependant un début d'assouplissement de politique monétaire: elle a en effet annoncé mercredi qu'elle réduira moins vite à partir de juin, le volume d'actifs à son bilan.
Le portefeuille de la Fed avait grossi pendant la pandémie, lorsqu'elle massivement acheté des titres, inondant le marché de liquidités pour maintenir le fonctionnement du système financier.
Puis, parallèlement aux hausses de taux destinées à lutter contre l'inflation, elle avait cédé des titres, réduisant son portefeuille de 1.500 milliards de dollars.
Le rebond de l'inflation aux Etats-Unis contraste avec l'Europe, où le net ralentissement de l'inflation conduit la Banque centrale européenne (BCE) à envisager une baisse des taux dès juin.
Le marché de l'emploi américain aussi reste trop tendu au goût de la Fed. Les chiffres officiels d'avril seront publiés vendredi, mais les entreprises du seul secteur privé ont créé 192.000 emplois en avril, selon l'enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée mercredi.
Pour enfoncer le clou, l'indice du coût de l'emploi s'est montré au premier trimestre bien plus élevé qu'attendu, "suggérant que la décélération des salaires s'est arrêtée, au moins temporairement", relève Krishna Guha, économiste pour Evercore, société de conseil en investissements.
Jerome Powell devrait également être interrogé, pendant la conférence de presse, sur l'élection présidentielle de novembre.
Bien que la Fed soit indépendante du pouvoir politique, le scrutin, qui verra s'affronter le président démocrate Joe Biden, et son prédécesseur républicain Donald Trump, se tiendra la veille d'une réunion du comité de politique monétaire.