Statu quo à la Fed qui a, comme prévu, laissé ses taux en l'état mercredi, et prévoit de les baisser à plusieurs reprises en 2024, prenant acte du ralentissement de l'activité économique, malgré une inflation toujours "trop élevée".
La banque centrale américaine a maintenu ses taux dans une fourchette de 5,25 à 5,50%, au plus haut en 22 ans, une décision prise à l'unanimité, selon un communiqué publié à l'issue de la réunion.
Ses responsables anticipent majoritairement trois ou quatre baisses l'année prochaine, pour les amener à 4,6% fin 2024.
Ce discours a été bien reçu à Wall Street, où l'indice boursier Dow Jones a bondi de 1,35% à un niveau record, célébrant le statu quo sur les taux et la possibilité de futures baisses, sur fond de chute des rendements obligataires.
"L'inflation a baissé depuis son pic, et cela sans hausse significative du chômage. C'est une très bonne nouvelle", a souligné le président de la Fed, Jerome Powell, en introduction de sa conférence de presse, mercredi.
Avant de temporiser son enthousiasme: "mais l'inflation reste trop élevée. Les progrès en cours pour la faire baisser ne sont pas assurés, et le chemin est incertain".
Dans ses prévisions actualisées, la Fed voit toutefois l'inflation ralentir un peu plus vite que prévu, pour tomber à 2,4% fin-2024 (contre 2,5% anticipés lors des précédentes, en septembre).
Mais il faudra attendre 2026 pour la voir retrouver le niveau tant attendu de 2,0%.
Quant à la croissance, elle sera cette année plus forte qu'initialement anticipé, à 2,6% (contre 2,1%), mais devrait ralentir plus que prévu l'an prochain, à 1,4% (contre 1,5%), et accélérer de nouveau ensuite.
Pas de changement en revanche pour le taux de chômage, attendu à 3,8% cette année, et 4,1% en 2024.
La décision de la Fed a pénalisé le dollar, mais fait rebondir le pétrole.
"Les récents indicateurs suggèrent que la croissance de l'activité économique a ralenti depuis son rythme solide du troisième trimestre", a commenté le comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, à l'issue de la réunion entamée mardi matin.
Le président de l'institution, Jerome Powell, est toutefois resté prudent: "bien que les responsables (de la Fed) jugent peu probable qu'il soit approprié de relever de nouveau les taux, ils n'ont cependant pas non plus exclu cette possibilité", a-t-il averti.
Avec un ton plus encourageant que prévu, il a quand même reconnu que le comité monétaire a discuté d'un début de calendrier pour les baisses de taux, ce qu'il avait jusqu'à présent écarté du revers du bras.
"Bien que nous pensions que les taux sont à leur sommet ou presque pour ce cycle, l'économie a surpris les prévisionnistes de multiples façons", a-t-il commenté.
La Fed a relevé ses taux à 11 reprises depuis mars 2022 pour juguler la forte inflation. Elle n'y a toutefois plus touché depuis juillet, afin d'observer les effets de ces hausses, et éviter de faire plonger l'économie américaine dans la récession.
Après avoir flambé à des niveaux qui n'avaient plus été vus depuis le début des années 1980, l'inflation est désormais engagée sur la pente ascendante. Elle a ralenti à 3,1% sur un an en novembre, selon l'indice CPI, et à 3,0% en octobre selon l'indice PCE, celui que la Fed veut ramener à 2% - et pour lesquels les données de novembre n'ont pas encore été publiées.
La hausse des salaires, bien que moins forte qu'il y a quelques mois, reste trop élevée pour permettre à l'inflation de retourner au niveau voulu, a cependant mis en garde Jerome Powell.
Avec la baisse de l'inflation cependant, les gains de salaire sont plus élevés que la hausse des prix, et permettent une progression du pouvoir d'achat des ménages.
"D'ici fin 2024, l'indice de l'inflation commencera sûrement par le chiffre 2", c'est-à-dire qu'elle sera comprise entre 2,00 et 2,9%, a anticipé mercredi la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, sur la chaîne CNBC.
Et la première économie du monde semble bien partie pour un "atterrissage en douceur", une baisse de l'inflation sans récession, a-t-elle estimé.
"La situation de l'emploi semble toujours excellente et l'inflation diminue très rapidement. Et c'est exactement ce que nous avons promis", avait également récemment salué le président de la Fed de Chicago, Austan Goolsbee.