La Fed pourrait annoncer qu'elle maintient ses taux à leur niveau actuel, mercredi à l'issue de sa réunion, laissant toutefois la porte ouverte à d'éventuelles hausses supplémentaires, le dilemme étant toujours de faire ralentir l'inflation sans faire vaciller trop fort l'économie.
Inflation en baisse, pénurie de main d'oeuvre en passe qui commence à se résorber, consommation qui mollit: les ingrédients sont réunis pour que la Banque centrale américaine maintienne ses taux dans la fourchette actuelle, de 5,25 à 5,50%.
La décision sera annoncée mercredi à 14H00 (18H00 GMT) dans un communiqué, qui sera publié à l'issue de la réunion du comité de politique monétaire (FOMC) débutée mardi matin.
Une surprise est peu probable, selon les acteurs du marché qui, quasiment tous, s'attendent à voir les taux rester stables, selon l'évaluation de CME Group.
Cela signifie-t-il que le cycle de relèvements des taux, entamé en mars 2022 face à la très forte inflation, est terminé ? Ou des hausses supplémentaires sont-elles à anticiper dans les mois à venir ?
La Fed devrait se garder d'être affirmative sur cette question, et semble plus encline à la prudence. En effet, si les marchés prennent pour acquis la fin des taux, les conditions financières pourraient devenir moins contraignantes, et les prix pourraient repartir à la hausse.
"Le message de la Fed sera que des taux directeurs plus élevés resteront sur la table jusqu'à ce que l'économie ralentisse visiblement et que l'inflation se rapproche de 2%", commente ainsi Steve Englander, responsable de la macro-économie américaine pour Standard Chartered et ancien économiste à la Fed, dans une note.
"Le FOMC se montrera prêt" à relever encore les taux à l'avenir "si nécessaire", estime-t-il.
La conférence de presse que tiendra le président de la Fed, Jerome Powell, juste après la publication du communiqué, à 14H30 (18H30 GMT) sera donc particulièrement scrutée.
De même que les prévisions économiques actualisées, en termes de croissance du PIB, d'inflation, d'emploi, et d'évolution des taux.
Depuis mars 2022, le principal taux directeur de la Fed a été relevé à 11 reprises, un rythme très rapide, destiné à juguler une inflation qui était au plus haut depuis plus de 40 ans.
Celle-ci a, depuis, fortement ralenti, malgré une nouvelle accélération cet été. Elle s'est établie en août à 3,7% sur un an, selon l'indice CPI.
La Fed privilégie l'indice PCE, qu'elle veut ramener autour de 2%, et était en juillet de 3,3% sur un an. Les données d'août seront publiées le 29 septembre.
La situation semble également se rééquilibrer progressivement sur le marché de l'emploi, après deux années de pénurie de main d'oeuvre, qui avait fait flamber les salaires. Le taux de chômage a grimpé à 3,8% en août, en raison d'un afflux de nouveaux travailleurs, ce qui devrait aider à calmer l'inflation.
Quant à la consommation, moteur de la croissance économique américaine, elle était vigoureuse depuis le début de la crise du Covid, alimentant la forte inflation mais elle semble montrer de premiers signes de faiblesse.
Et dès octobre, des millions d'Américains verront leur pouvoir d'achat encore réduit, car ils devront recommenceront à rembourser leur prêt étudiant, après deux ans et demi de pause liée au Covid.
Par ailleurs, plusieurs nuages planent sur la première économie du monde.
A commencer par la grève inédite entamée vendredi par le puissant syndicat de l'automobile, l'UAW, chez les "Trois grands" constructeurs américains, GM, Ford et Stellantis (issu de la fusion du Français PSA et de l'Américain Chrysler).
Autre menace, celle du "shutdown", une paralysie de l'administration fédérale, si républicains et démocrates au Congrès ne s'accordent pas d'ici la fin du mois sur le budget du gouvernement.
La Fed se réunit cette semaine au complet pour la première fois depuis février, après le départ de l'ancienne vice-présidente Lael Brainard, partie diriger l'équipe de conseillers économiques de la Maison Blanche.
Elle est remplacée par Philip Jefferson, l'un des gouverneurs de la Fed, tandis qu'Adriana Kugler, auparavant représentante des Etats-Unis à la Banque mondiale, prend le siège vacant de gouverneure, devenant la première responsable de la Fed d'origine hispanique.