Les taux d'intérêt de la Banque centrale européenne ont atteint un niveau qui "peut être suffisant" pour ramener l'inflation à l'objectif (de la BCE), a déclaré vendredi un haut responsable de l'institution, au lendemain d'une dixième hausse d'affilée.
Avec cette dernière hausse effectuée jeudi, "le niveau des taux d'intérêt, s'il est maintenu dans le temps, peut être suffisant pour que l'inflation converge effectivement vers notre objectif de 2%", a déclaré Luis de Guindos, vice-président de la BCE, dans une interview à la radio espagnole COPE.
L'institution monétaire a de nouveau relevé jeudi son taux d'intérêt de référence de 0,25 point pour le porter à 4,0%, à son plus haut niveau depuis 1999, défiant ceux qui appelaient à une trêve pour ne pas aggraver le ralentissement de l'activité économique en zone euro.
Dans une formulation pesée au trébuchet, les responsables de la BCE ont signalé que le cycle de resserrement monétaire touchait à sa fin, sans totalement fermer la porte à une nouvelle hausse si la situation l'exigeait.
Le coût désormais élevé du crédit doit apporter "une contribution substantielle" à la baisse de l'inflation, ce qui induit aussi que les taux soient maintenus à leur haut niveau actuel "pendant une durée suffisamment longue", selon le communiqué de l'institution.
"Nous n'avons pas décidé ou discuté de réduction (de taux), ni même prononcé" ce mot, a précisé vendredi la présidente de la BCE Christine Lagarde devant la presse lors de la réunion des ministres de l'Economie et des Finances de l'Union européenne à Saint-Jacques-de-Compostelle (Espagne).
Cette durée assez longue de maintien des taux "peut être définie en termes de mois, de trimestres", et sera à décider "en fonction des données", a-t-elle ajouté.
La dixième hausse de taux en 14 mois a suscité des critiques dans les milieux politiques de certains pays du sud de la zone euro.
"La BCE, ne se souciant pas des difficultés économiques des familles et des entreprises, augmente le coût de l'argent", a déclaré jeudi soir Matteo Salvini, vice-président italien et patron du parti transalpin d'extrême droite La Ligue, devant la télévision italienne.
"Lagarde vit sur Mars", s'est-il exclamé.
La BCE veut que "l'économie se refroidisse" pour conduire à un "ralentissement de l'inflation (qui permette) un retour de la croissance", a expliqué de son côté M. de Guindos.
"Cela serait bien pire si nous ne faisions rien", a martelé l'ancien ministre des Finances espagnol, car "nous constaterions alors que l'inflation monterait en flèche avec des prévisions d'inflation hors de contrôle".