La politique monétaire menée par Bank Al-Maghrib a joué un rôle crucial dans le maintien de la résilience de la monnaie nationale. "BAM a maintenu une politique monétaire équilibrée caractérisée par un taux directeur généralement plus élevé que celui de la Zone Euro et de la FED au cours des dix dernières années. Cela a contribué à maîtriser l'inflation, qui est restée proche de la cible de 2%. Parallèlement, le gouvernement a maintenu le déficit budgétaire en pourcentage du PIB à une moyenne de 5,1% entre 2012 et 2022", expliquent les analystes de la banque d'affaires dans une note de recherche diffusée aujourd'hui.
Les indicateurs économiques et de compétitivité ont également influencé la stabilité du Dirham. La balance des paiements, bien que présentant un solde négatif (-3,6% du PIB en 2022 et -4,1% en moyenne entre 2012-2022), est restée relativement modérée par rapport à d'autres pays. Cette maîtrise du déficit de la balance des paiements s'explique en partie par l'amélioration du solde des services et l'augmentation des revenus secondaires, notamment les transferts des MRE. Ces tendances positives ont également renforcé les réserves de changes, passant de 225,4 Mds de dh à fin 2015 à 336,7 Mds de dh à fin 2022, selon l'Office des Changes, fait remarquer le courtier.
«Le Dirham devrait continuer à bénéficier de sa résilience, sans forte volatilité, dans l’absence d’évènements majeurs. Ceci devrait théoriquement renforcer l’attractivité des investissements privés au Maroc (aussi bien locaux destinés à l’export, qu’étrangers) si le gouvernement l’accompagne via une politique fiscale plus compétitive. » concluent les analystes de Valoris Securities qui avancent plusieurs facteurs pour soutenir leur thèse.
Les analystes du courtier soulignent en effet que plusieurs facteurs peuvent garantir la stabilité du dirham par rapport à l'USD et à l'Euro. Tout d'abord, il y a une tendance à la baisse de l'inflation depuis cinq mois consécutifs, principalement due à un effet de base et à la diminution des prix des matières premières sur les marchés internationaux. De plus, et bien que le déficit budgétaire ait atteint un niveau élevé en 2023 en raison des prix élevés des matières premières et de l'augmentation des dépenses d'investissement, il a été maintenu à 5% du PIB, ce qui montre une certaine maîtrise. De plus, la normalisation des écarts entre les taux directeurs de la FED, de la BCE et de BAM est notable. "La FED a initié le resserrement monétaire, suivi par neuf hausses consécutives des taux directeurs de la BCE. Cela a conduit à un passage d'écarts positifs à des écarts négatifs entre les taux directeurs de BAM et de la BCE, ainsi qu'entre BAM et la FED, provoquant une hausse des parités USD/MAD et EUR/MAD entre juin 2021 et octobre 2022. Cependant, depuis que BAM a commencé à augmenter ses taux, ces écarts se réduisent, ce qui exerce moins de pression sur le Dirham", explique-t-on dans la note.
La décélération du déficit commercial et la hausse continue des recettes des MRE et des recettes touristiques sont aussi des éléments positifs. À la fin de juin 2023, les importations ont diminué de 2,3% par rapport à la même période de l'année précédente, entraînant une réduction de 6,5% du déficit commercial sur la même période. En parallèle, les recettes des MRE ont atteint un niveau record de 66 Mds de dh, en hausse de 10% par rapport à l'année précédente, tandis que les recettes touristiques ont atteint 57,2 Mds de dh, en hausse de 51% par rapport à 2022, dépassant même les niveaux d'avant la crise. Ces tendances devraient avoir un impact positif sur la balance des paiements, ce qui pourrait entraîner une réduction probable du déficit en 2023.