Mise à jour à 10H45 :
Le communiqué de Bank Al-Maghrib a été finalement remis à l'identique sur le site de l'institution mercredi vers 10h45.
Effervescence sur les réseaux sociaux depuis le retrait du communiqué de BAM de son site web. Nous avons pu constater qu'il a également été retiré des réseaux sociaux officiel de l'institution, notamment Twitter et Linkdin.
Dans la soirée de mardi, l'on nous avait assurés auprès de la Banque centrale que la non-apparition du communiqué sur le site web était peut-être due à un bug, en nous indiquant qu'il était possible de nous le renvoyer en cas de besoin.
Mais le retrait à la fois du site et des réseaux sociaux fragilise cette thèse du bug et nourrit les suspicions, d'autant plus que la conférence de presse habituelle qui suit le Conseil a été annulée quelques minutes avant son démarrage.
Twitter s'est bien évidemment emparé de l'affaire et chacun y va de son interprétation.
Le Conseil de BAM, présidé par Abdellatif Jouahri, a décidé mardi de relever le taux directeur de 50 points de base. Une décision plutôt anticipée. Mais le Conseil a aussi relevé ses prévisions d'inflation pour l'année 2023, en évoquant un choc de l'offre qui nourrit une spirale inflationniste.
La Banque centrale a également revu à la baisse ses prévisions de croissance pour cette année, passant de 3% en décembre à 2,6% actuellement.
Des prévisions qui dérangent le gouvernement
Bank Al-Maghrib estime que les données récentes montrent que l’inflation continue de s’accélérer, sous l’effet notamment de chocs d'offres internes sur certains produits alimentaires. L'inflation ressortirait en 2023 à 5,5% en moyenne et sa composante sous-jacente se situerait à 6,2%, soit une révision à la hausse de 2 points de pourcentage par rapport à la prévision de BAM en décembre dernier. Ces projections supposent que les chocs à l’origine de cette augmentation se dissiperaient graduellement au second semestre à la suite des différentes mesures prises par le gouvernement à cet égard.
Mais ces prévisions sont aux antipodes du discours du gouvernement qui, lui, cherche à faire baisser la tension avant le mois de Ramadan. Pas plus tard que mardi, lors d'une séance houleuse en commission des Finances, Nadia Fettah Alaoui, ministre de l'Economie et des Finances, a affirmé que les prix des produits d’alimentation de base devraient se stabiliser dans les prochains jours, une tendance qui coïncide avec l’avènement du mois de Ramadan. Elle concède tout de même que les prix de certains produits alimentaires ont connu une hausse au cours des derniers jours en raison des conditions climatiques, notant que ces prix devraient se stabiliser ou baisser pour être à la portée de tous les citoyens, à la faveur de l'augmentation attendue du rythme de la production au cours des prochains jours. Un discours de moins en moins audible pour les citoyens, particulièrement les classes les plus impactées par la hausse du panier alimentaire.
Le HCP donne raison à BAM
Dans la foulée, les chiffres du HCP pour le mois de février sont venus renforcer les prévisions de Abdellatif Jouahri avec, à fin février, un retour de l'inflation à un niveau historique à deux chiffres. Comparé au même mois de l’année précédente, l’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 10,1% au cours du mois de février 2023, conséquence de la hausse de l’indice des produits alimentaires de 20,1% et de celui des produits non alimentaires de 3,6%.
Cette situation ambiguë et inédite doit être clarifiée rapidement, et Bank Al-Maghrib doit tenir sa conférence de presse dans les plus brefs délais pour rassurer sur son indépendance et préserver sa crédibilité vis-à-vis de nos partenaires internationaux.