C’est une semaine très négative qui vient de s’achever pour le marché des capitaux marocain. Aucun compartiment n’est épargné, que ce soit sur le marché obligataire ou celui des actions.
Le Masi a abandonné plus de 5% durant cette période. Rien que depuis le Conseil de Bank Al-Maghrib, ce sont 27 milliards de dirhams de capitalisation qui se sont évaporés. Sur le marché obligataire, la situation n’est guère meilleure avec un indice MBI long terme qui cède 5,21% durant la semaine, faisant apparaître une volatilité inhabituelle sur le marché des taux et les investisseurs s’attendent à ce que cette tendance s’accélère. "Cette tendance haussière des Taux obligataires au Maroc pourrait à notre sens se poursuivre d'ici la fin d'année", écrivait Attijari Global Research vendredi.
Résultats semestriels : Un bon semestre en somme
Ce cadre macro compliqué masque les réalisations plutôt positives des entreprises cotées et qui, tout compte fait, ont pu faire faire face à l’inflation.
Selon les données agrégées par le courtier M.S.IN, le chiffre d'affaires global de la cote casablancaise au titre du premier semestre 2022 ressort en hausse de 15,4%, en atteignant 147 milliards de dirhams contre 127,3 milliards de dirhams durant la même période un an auparavant, soit 19,6 milliards de dirhams de chiffre d'affaires additionnel, soutenu essentiellement par un effet prix.
Les gagnants et les perdants de l’inflation
Toujours selon M.S.IN, c'est le secteur Pétrole et gaz qui a le plus contribué à la hausse du chiffre d'affaires global (51 2022 Vs. 51 2021) à hauteur de 29% avec une progression de 5,7 milliards de dirhams, tirée par TotalEnergies Marketing Maroc (3,9 MM dirhams) et Afriquia Gaz (+1,8 MM dirhams). Il est suivi par le secteur des Mines et le secteur Agroalimentaire qui ont enregistré une hausse respective de 2,6 milliards de dirhams (+73,4%) et de 2,5 milliards de dirhams (+30,2%) portée en grande partie par Lesieur Cristal (+1,2 milliard de dirhams ou +52,1%).
Le Résultat d'exploitation (REX) global à l'issue du premier semestre 2022 s'établit à 28,2 milliards de dirhams, en progression de 5,1% par rapport à un an auparavant.
Enfin, la masse bénéficiaire globale, quant à elle, enregistre une baisse de 3,2% à 14,2 milliards de dirhams par rapport au 51 2021.
Précision de taille : hors Maroc Telecom qui a été impactée par la sanction de l'ANRT de 2,45 milliards de dirhams relative à la liquidation de l'astreinte, la masse bénéficiaire serait en hausse de 16,4%.
« En comparant les profits au Si 2022 à ceux enregistrés au Si 2021, c'est le secteur minier qui a marqué la plus forte progression avec une hausse de 1,1 milliard de dirhams. Cette augmentation est tirée en grande partie par Managem (+1 025 millions de dirhams) qui a profité de l'évolution favorable des cours des métaux et du dollar ainsi que l'augmentation de capacité de production. Il est suivi par le secteur bancaire, avec une progression de 659 millions de dirhams et par le secteur d'électricité qui a enregistré une hausse de 161 millions de dirhams (tirée par la seule valeur du secteur Taqa Morocco) », commente M.S.IN .
Reste à savoir comment les investisseurs vont intégrer ces données sachant qu’une hausse prolongée des taux obligataires aura des impacts négatifs sur la soutenabilité de la dette publique, renchérisserait le coût de la dette privée émise par les entreprises sur les marchés et aurait des effets directs et indirects négatifs sur le marché actions.