Marsa Maroc continue d'avoir une place de choix dans les papiers de recherche de CFG Bank. Les analystes de la banque viennent d'ailleurs d'émettre une nouvelle recommandation sur le titre, estimant en effet que les nouveaux projets annoncés par Marsa Maroc dont notamment l’obtention d’une nouvelle concession pour opérer le terminal à conteneur du port Nador West Med (NWM) et la prise de participation à hauteur de 100% (vs. 51% précédemment) dans le capital de SMA, filiale en charge de la concession du Terminal Nord du port d’Agadir, justifient la mise à jour des prévisions de croissance du Groupe.
Le titre est valorisé à 618 DH. Cela dit, Il convient de souligner que ce cours cible n’intègre pas l’impact des récentes annonces relatives à l’internationalisation du groupe en Afrique (Bénin, Libéria et Djibouti), dans l’attente d’informations complémentaires qui permettraient aux analystes d’en quantifier l’impact.
De grands relais de croissance à l'échelle nationale...
Pour rappel, le 25 juin 2024, Marsa Maroc avait annoncé la signature d’une nouvelle concession, d’une durée de 25 ans, pour la gestion du Terminal Est du port Nador West Med dont la mise en exploitation est prévue en 2027. Cette nouvelle concession dans le bassin méditerranéen viendrait renforcer l’activité de transbordement du Groupe de 3,4 MEVP à 5,1 MEVP (versus 1,6 MEVP à fin 2024E).
Selon les analystes de CFG Bank : "Suite à cette annonce, nous avions initialement construit un scénario central autour duquel Marsa Maroc gérerait l’ensemble de la concession. Toutefois, en novembre 2024, le Groupe a annoncé la signature d’une association avec CMA CGM visant à cogérer la moitié de ce nouveau terminal. Dans cette nouvelle configuration, Marsa Maroc détiendrait 51% du capital d’une nouvelle filiale opérant la moitié du Terminal Est de NWM et CMA CGM 49%. Concernant la gestion de la seconde moitié du terminal, celle-ci serait, pour l’instant, intégralement portée par Marsa Maroc. Ainsi, nous avons revu nos prévisions pour intégrer dans notre valorisation des fonds propres part du Groupe les flux suivants :
- 51% des flux de la filiale qui gèrerait la première phase de ce terminal ;
- Et 100% des flux de la filiale qui gèrerait la seconde phase de ce terminal.
Rappelons que le lancement de la première phase de ce terminal dont la mise en exploitation est prévue en 2027E nécessitera une enveloppe d’investissement de 280 MUSD, déboursée progressivement à partir de 2024, pour une capacité de traitement de 1,5 MEVP (pouvant être majorée à 1,7 MEVP). Le programme d’investissement pour préparer la seconde phase du Terminal devrait être amorcé en 2029E pour une mise en exploitation prévue en 2031E. "Selon nos estimations, cette deuxième phase nécessitera une enveloppe de 302 MUSD, intégralement portée par Marsa Maroc et portera in fine la capacité de traitement globale du terminal à 3,4 MEVP", lit-on dans le papier de recherche.
A l’instar de son partenariat stratégique avec Hapag-Lloyd et Contship Italia SpA pour gérer la concession du TC3 au port de Tanger Med, Marsa Maroc devrait fortement bénéficier de son association avec CMA CGM, troisième armateur mondial du transport maritime en conteneurs, afin de sécuriser les flux en transbordement sur la moitié du Terminal Est du port de Nador West Med.
"Il n’est pas exclu, selon nous, que le Groupe s’associe avec un autre partenaire stratégique pour l’exploitation de la seconde phase de ce terminal. Pour le moment, notre modélisation tient compte d’une consolidation intégrale (100%) des flux par Marsa Maroc". CFG Bank
In fine, le Groupe devrait consolider son trafic de conteneurs en transbordement (capacité prévisionnelle de 5,1 MEVP à horizon 2035E vs. 1,6 MEVP à fin 2024E), activité ayant porté la croissance du Groupe sur les trois dernières années. En effet, Marsa Maroc se positionne avec succès sur le marché du transbordement des conteneurs depuis 2021, à travers sa concession au terminal TC3 de Tanger Med (capacité de 1,5 MEVP réalisée en 2023). La capacité du TC3 peut toutefois être majorée de 20% grâce à une optimisation du temps de manutention des conteneurs. Dans ce sens, le trafic traité au port de Tanger Med devrait, selon les estimations, atteindre 1,8 MEVP à fin 2025E, insufflant un dernier élan aux revenus du Groupe sur le périmètre existant, avant que leur croissance ne revienne à des niveaux normatifs en 2026E. Ainsi, à travers la nouvelle concession à NWM, le Groupe devrait renouer avec un nouveau cycle de croissance à partir de 2027E.
....En attendant les impacts de l'activité à l'international
Parallèlement, la concrétisation du projet d’internationalisation du Groupe devrait également représenter de nouveaux relais de croissance. En effet, depuis septembre 2024, plusieurs annonces ont été relayées par Marsa Maroc et par le Gouvernement à savoir :
La signature d’un contrat de gestion déléguée des terminaux 1 et 5 du Port de Cotonou au Bénin avec la société Bénin Manutentions S.A ;
L’obtention d’un protocole d’accord pour moderniser et étendre les principaux ports du Libéria, principalement les ports de Monrovia et de Buchanan ;
Un investissement dans Damerjog Oil FZE, une entreprise chargée de la construction d’un terminal pétrolier et gazier à Djibouti, permettant ainsi au groupe d’étendre sa présence en Afrique de l’Est.
Dans ce sens, et selon un bulletin officiel du Royaume, le Groupe a créé trois nouvelles filiales (i) « Marsa Maroc International Logistics » dédiée à la gestion de ses activités à l’international et particulièrement ses nouvelles opérations en Afrique, (ii) « Marsa Djibouti » pour superviser l’investissement afférent au terminal pétrolier et gazier et (iii) « Marsa Bénin » afin de gérer l’activité au port de Cotonou.
"Dans l’attente d’éléments d’information complémentaires nous permettant d’en chiffrer l’impact, notre modélisation n’intègre toujours pas ces nouveaux projets. Néanmoins, il est important de considérer l’effet positif que cela aurait sur les réalisations de Marsa Maroc". CFG Bank
La stratégie amorcée d’internationalisation du Groupe laisse présager d’éventuels nouveaux projets en Afrique sur les années à venir, sans compter d’éventuelles concessions sur les ports marocains prévus par la stratégie portuaire nationale 2030 dont notamment :
Le port de Dakhla Atlantique, dont la livraison est prévue à fin 2028E, devrait offrir de nouveaux relais de croissance au secteur avec une capacité à terme de 35 MT, permettant notamment le traitement de 5 MT de vracs liquides, de 25 MT de vracs solides et 1 million de conteneurs ;
Le Port de Kenitra Atlantique, qui devrait desservir tout l’espace économique situé entre Tanger Med et Casablanca et qui accueillerait un terminal d’hydrocarbures et l’ensemble des trafics de vracs qui ne seront plus traités à Casablanca et Tanger, d’après la stratégie portuaire 2030 ;
Le Port de Safi Grand vracs, sur lequel le Groupe devrait très probablement se positionner via un transfert de concession de l’ancien port de Safi vers le nouveau, à l’instar de la nouvelle concession obtenue à Nador West Med.
Ainsi, le positionnement de leader du Groupe et sa présence sur l’ensemble des segments du Gateway devraient vraisemblablement lui permettre de se positionner avec succès sur ces nouveaux projets. "Nous sommes donc convaincus que les perspectives de croissance de Marsa Maroc sont largement supérieures à celles projetées par nos soins dans cette note. Tous ces éléments nous incitent à fortement croire au potentiel solide dont jouit Marsa Maroc et consolide notre opinion de conserver ce titre, notamment dans l’attente de la concrétisation d’éventuels nouveaux projets tels que cités précédemment et d’informations complémentaires nous permettant d’en quantifier l’impact", concluent les analystes.