Les investisseurs s'éloignent des actifs à risque et privilégient le billet vert. Le rebond de l'euro de vendredi, quand la monnaie unique avait repris des forces après avoir atteint son plus bas en près de deux décennies à 1,0072 dollar, n'aura pas duré.
Le géant russe Gazprom a entamé lundi des travaux de maintenance des deux gazoducs Nord Stream 1, qui acheminent une grande quantité de son gaz livré encore à l'Allemagne ainsi qu'à plusieurs autres pays de l'Ouest de l'Europe.
Même si les travaux sont prévus de longue date, ils alimentent des inquiétudes déjà nourries la veille par le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, selon qui il faut se préparer à "la coupure totale du gaz russe (...) aujourd'hui l'option la plus probable".
Cette hypothèse "renforcerait la stagflation, déjà élevée, en Europe", craint Stephen Innes, analyste chez SPI AM, dont les propos sont rapportés par l'AFP.
La flambée des prix de l'énergie dope en effet l'inflation tout en faisant stagner, voire reculer, l'économie de la zone euro.
"Ce scénario va probablement focaliser le marché sur les risques de fragmentation", c'est-à-dire d'écart grandissant entre les taux d'emprunts de différents pays de la zone euro, complète Jane Foley, analyste chez Rabobank.
La croissance atone laisse peu de marge de manœuvre à la Banque centrale européenne (BCE) pour remonter ses taux.
Par ailleurs, les créations d'emploi aux Etats-Unis, meilleures que prévu en juin, selon les chiffres publiés vendredi, renforcent l'idée que la Réserve fédérale américaine (Fed) peut se permettre de remonter ses taux pour limiter l'inflation.
Les analystes de UBS jugent cependant que la vigueur du billet vert ne peut plus durer face à certaines monnaies car la politique monétaire va commencer à peser sur la croissance américaine.
"Nous conseillons à nos investisseurs de ne pas se positionner sur une poursuite de la hausse du dollar, mais de privilégier le franc suisse comme valeur refuge", estime Mark Haefele, analyste chez UBS.