Vigeo Eiris actualise la notation des risques de durabilité des entreprises cotées au Maroc.
Nette amélioration du taux d'information moyen sous l'impulsion des régulateurs.
Les émetteurs toujours en retard sur les sujets de gouvernance.
Pour la septième fois depuis 2012, Vigeo Eiris publie la liste des entreprises cotées à la Bourse de Casablanca et/ou émettrices de titres obligataires ayant obtenu les meilleures notations «top performers» de leur démarche de responsabilité sociale et de gestion de leurs risques de durabilité. Sans surprise, les meilleurs scores restent la chasse gardée des grandes capitalisations de la place, à l'image de LafargeHolcim Maroc dont la très passionnée responsable RSE, Malika Youssoufine, livrera un témoignage de conviction sur le rôle de la RSE en période de crise comme celle que nous traversons, à l'occasion d'un séminaire organisé par la Bourse de Casablanca et Vigeo Eiris.
Dans son plaidoyer, la responsable soulignera que «faire de la RSE, c'est bon pour le business», invitant les émetteurs, dont le groupe auquel elle appartient, à faire preuve de solidarité pour mieux absorber le choc économique et social induit par la pandémie.
L'information extra-financière plus abondante
14 sur les 44 premières capitalisations du Maroc parviennent à obtenir cette distinction, indépendante et gratuite, issue de leur notation non sollicitée, réalisée par Vigeo Eiris pour le compte de plus de 300 fonds internationaux d’investissements et de gestionnaires de capitaux attentifs à la matérialité des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance.
On notera que le taux d'information disponible par rapport aux informations attendues est en hausse à 53% en 2020 contre 47% en 2019, 43% en 2018 et 40% en 2017 et 2015. C'est l'une des principales avancées de cette édition. Cette amélioration est soutenue par les efforts des régulateurs, notamment l'AMMC qui a instauré, dès cette année, l'obligation de fournir de l'information extra-financière à l'occasion des rapports financiers annuels (RFA) des émetteurs.
Gouvernance et environnement : là où les émetteurs sont les plus en retard
En revanche, et malgré une amélioration de 6 points, le scoring des émetteurs sur la gouvernance demeure faible (score moyen de 21,7/100). Ghizlaine Nourlil, directrice Afrique & Middle East à Vigeo Eiris, explique que les facteurs où les émetteurs sont les plus en retard, sont relatifs à la clarté des systèmes de rémunération, la transparence sur les stratégies de lobbying, l'objectivité de la prise en compte des performances de responsabilité sociale dans la rémunération des dirigeants exécutifs ou encore l'indépendance et la diversité des profils composant les conseils d'administration ou de surveillance.
Les sujets de réduction des émissions atmosphériques ou d'achats responsables sont également des facteurs de durabilités sur lesquels les entreprises semblent moins engagées. En effet, selon la responsable de Vigeo, la performance des entreprises marocaines en matière environnementale demeure faible (score moyen de 24,1/100) avec une légère hausse par rapport à 2019 (21,9/100). A croire que l’effet de la COP22 semble s'essouffler avec, cela dit, quelques exceptions.
Les tops performers 2020
3 entreprises ont significativement amélioré leurs scores de 2020 par rapport à 2019 : OCP (+27 points), LafargeHolcim Maroc (+23 points) et Lydec (+12 points). Ces entreprises se classent dans le top 10 des émetteurs cotés avec, par ordre alphabétique, Attijariwafa bank, BoA, BCP, BMCI, Cosumar, IAM, Managem et SMI. Ces valeurs (hors OCP) constituent l'indice ESG10 de la Bourse de Casablanca. Cet indice perd -19% depuis le début de l'année contre -16,5% pour le Masi, écart expliqué par la surpondération des valeurs bancaires dans l'indice ESG10 puisqu'elles y pèsent plus de 50% contre 31% dans le Masi.
A.H