En avril dernier, le Conseil de la concurrence s’est saisi d’office pour avis afin d’examiner l’impact de la flambée des prix des intrants et des matières premières enregistrée au niveau mondial sur le fonctionnement concurrentiel des marchés nationaux. C’est dans ce contexte qu’a été émis cet avis.
Les conclusions
Dans son avis, le Conseil de la concurrence livre plusieurs conclusions. Il y atteste que le marché est entièrement dépendant des importations, avec «une forte concentration » au niveau des marchés de l’importation et du stockage dont le niveau se situe généralement en-dessous du seuil prévu par la réglementation. La concentration touche également la distribution.
Une répercussion immédiate des hausses des cotations à l’international et décalée dans le temps en cas de baisses
En général, relève le Conseil, les prix de vente des sociétés de distribution sont fixés par les opérateurs une fois tous les quinze jours. Toutefois, pendant certaines périodes, les opérateurs ont appliqué deux ou plusieurs changements de prix de vente à la hausse par quinzaine. Tel a été le cas durant les mois de mars, d'avril et de juillet 2022. Le décalage constaté entre les variations des cotations Platts des produits raffinés et les prix de vente sur le marché national peut être expliqué par le fait que les opérateurs répercutent immédiatement les hausses des cotations. Ceci dit, en cas de baisses, ils cherchent, d’abord, à écouler le stock des produits achetés auparavant à un prix plus élevé et sont même tentés de consolider leurs marges, voire de les augmenter.
Une activité de distribution des carburants « lucrative »
L’activité de distribution du gasoil et de l’essence reste « très lucrative », écrit le Conseil, et ce au vu des niveaux de rentabilité financière qu’elle dégage. En effet, l’exploitation des données de la période 2018-2021 a fait ressortir des niveaux de rentabilité qui demeurent très élevés dans l’ensemble avec, néanmoins des différences entre les sociétés.
Le ratio de rentabilité calculé est égal au rapport entre les résultats nets et les capitaux propres tels qu’ils ressortent des bilans des sociétés concernées. Ainsi, la société Winxo se différencie par un taux de rentabilité financière qui dépasse généralement les 60%, suivie de Vivo Energy Maroc avec un taux élevé se situant entre 44 et 52%. En revanche, les sociétés Petrom et Ola Energy Maroc ont affiché un taux de rentabilité ne dépassant pas 20% durant cette période. Afriquia SMDC a vu son taux de rentabilité financière fluctuer entre 11,5% et 22%. Les écarts des niveaux de rentabilité constatés chez les opérateurs s’expliquent surtout, par les différences relevées dans la rubrique des investissements engagés par chacun de ces opérateurs, notamment dans le développement des capacités de stockage et du réseau de distribution. A titre d’exemple, le leader en termes de parts de marché (Afriquia SMDC) a réalisé un montant d’investissement moyen durant la période 2018-2021 de l’ordre de 319 MDH dans le développement des infrastructures de stockage et dans le réseau des stationsservice tandis que Winxo n’a mobilisé que près de 185 MDH, soit presque la moitié du montant d’Afriquia SMDC. Vivo Energy Maroc a investi 285 MDH.
Les vertus du retour au raffinage ne sont pas prouvées
Parmi les nombreuses recommandations du Conseil, notamment en matière de refonte réglementaire, le Conseil recommande aussi d’étudier l’opportunité de maintenir et de développer une activité du raffinage au Maroc bien qu’en « l’absence de données sur ses coûts réels de raffinage, de ses coûts de revient, de ses marges et sa rentabilité, il serait difficile de se prononcer, en l’état actuel des choses, sur l’opportunité de maintenir et de développer une activité de raffinage au Maroc ».
Le Conseil recommande également d’écarter tout retour éventuel à la subvention directe.
Liste des conclusions et recommandations