Les travaux de la Réunion du Groupe africain des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques centrales des 54 Etats africains membres de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international "Caucus africain" ont démarré, mardi à Marrakech, sous le thème "Vers une Afrique résiliente".
Placée sous le Haut Patronage du Roi Mohammed VI, cette réunion qui se poursuit jusqu’au 6 juillet, offre l’opportunité d’analyser les défis qui s’imposent aux pays africains et d’échanger autour des moyens susceptibles de les aider à y faire face.
La cérémonie d’ouverture de cet événement de grande envergure a été marquée par un message royal adressé par le Roi Mohammed VI aux participants dont, lecture a été donnée par la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui.
Dans ce message royal, le Roi Mohammed VI a souligné la nécessité d’un "soutien plus appuyé et une coopération internationale plus conséquente en faveur des pays africains" pour "leur épargner d’être sévèrement touchés par la vague inflationniste qui frappe l’économie mondiale et pour les aider à développer une plus forte résilience aux chocs extérieurs".
Le Souverain a indiqué que le monde sortait à peine de l’emprise de la pandémie Covid-19 que l’économie globale s’est trouvée prise dans une spirale de perturbations inédites des chaînes d’approvisionnement et soumise à des pressions inflationnistes croissantes et à une hausse record des cours de l’énergie, des produits alimentaires et des matières premières.
Le continent africain apparaît, dans cette conjoncture difficile, "comme l’une des régions les plus touchées, tant au regard des multiples périls qui menacent sa sécurité alimentaire et énergétique que de la baisse des taux de sa croissance économique", a relevé le Roi.
Dans une allocution de circonstance à cette occasion, Fettah Alaoui a mis en relief l'engagement constant du Roi Mohammed VI en faveur de l'action commune et de la solidarité africaine, relevant que le "Caucus africain" 2022 abordera des questions d'une grande importance pour le Continent, en particulier la manière la plus appropriée pour défendre les intérêts de l'Afrique à la Banque mondiale et au FMI et la mobilisation des institutions de Breton Woods pour apporter un soutien plus efficace à l'Afrique dans la poursuite de sa résilience.
Dans ce sillage, elle a fait remarquer que les pays africains font face à une conjonction marquée par des crises et des défis d’une ampleur sans précédent, alors que la pandémie de la Covid-19 a freiné des décennies de progrès enregistré en matière de développement sur notre continent, avec des indicateurs de pauvreté tendant à la hausse.
Et de poursuivre que la pandémie, ajoutée à la crise ukrainienne et aux changements climatiques ont eu pour effet d'amplifier les défis de développement déjà existants en Afrique, y compris ceux liés aux jeunes, au chômage, à la fracture numérique et à l'insécurité énergétique et alimentaire.
Fettah Alaoui a, par ailleurs, indiqué que lors de ce "Caucus Africain", les discussions porteront sur le financement du développement de l'Afrique, le repositionnement de la dette publique comme catalyseur, la reprise économique et la croissance durable et repenser la finance mondiale et sur l’intégration régionale, en particulier dans des domaines tels que l'énergie, la numérisation et la jeunesse, les initiatives d'entrepreneuriat, et la crise climatique et sécurité alimentaire en Afrique.
De son côté, le haut représentant pour le Fonds de la paix de l’Union africaine (UA), Dr. Donald Kaberuka, a plaidé en faveur d'un appui international solide et constant afin de permettre à l’Afrique de transcender les énormes difficultés auxquelles elle fait face, lesquelles sont engendrées par la pandémie de la Covid-19 et la guerre en Ukraine, relevant que le FMI et le GBM ont joué un rôle de taille dans le cadre du soutien au Continent face à cette crise pandémique. Afin de faire face à ces crises, Kaberuka s'est dit en faveur de l’encouragement de la culture du blé, en tirant profit des énormes potentialités agricoles que recèle le Continent et qui demeurent encore inexploitées, et en misant sur l’industrie des engrais, telle que développé par le Maroc pour le développement de ce secteur.
Dans ce cadre, Kaberuka a estimé que la résilience de l’Afrique passe inéluctablement par la réforme des systèmes de santé et la généralisation de la protection sociale, la gestion de la dette et de la qualité des dépenses, et la promotion d’une véritable industrie pharmaceutique africaine, mettant en relief, à titre d'exemple, le projet de réalisation au Maroc d’une unité de fabrication de vaccins anti Covid-19 et d'autres vaccins et qui devra contribuer à assurer et à garantir la souveraineté vaccinale du Continent africain.
Le Caucus africain, dont le Maroc assure la présidence pour l’année en cours, se réunit à Marrakech, afin de coordonner et d’harmoniser les positions des Gouverneurs Africains concernant le mémorandum annuel qui est adressé au FMI et au GBM et présenté à l’occasion des Assemblées Annuelles de ces deux institutions.
Plusieurs questions sont inscrites à l’ordre du jour de cette réunion, notamment la problématique de la dette, les enjeux de la digitalisation et le changement climatique.
Les participants à cet événement économique débattront de plusieurs thématiques à savoir : "Financer le développement de l'Afrique : les défis de la conjoncture actuelle", "Repositionner la dette publique comme catalyseur de la relance économique et croissance durable", "Repenser l'architecture financière mondiale", "l’intégration régionale économique", "la crise climatique" et "faire face à l'impact du climat sur l'alimentation sécurité"
Les travaux de cette rencontre seront sanctionnés par l’adoption de la "Déclaration de Marrakech".
Créé en 1963, le "Caucus Africain" est un forum de consultation des pays africains pour la coordination avec le FMI et le GBM dans les programmes de développement commun.
Ce Caucus se réunit généralement une fois par an (juillet-août), à l’initiative de son président, afin de coordonner et d’harmoniser les positions des gouverneurs africains concernant le mémorandum annuel qui est adressé au FMI et au GBM et présenté à l’occasion des Assemblées Annuelles de ces deux institutions.