Boursenews : Tout d’abord, comment évaluez-vous la performance globale de Cartier Saada dans le secteur des conserves de fruits et légumes, et quelles sont les principales tendances et défis auxquels vous faites face actuellement ?
Hassan Debbarh : Cartier Saada continue de progresser dans un contexte marqué par les conséquences du changement climatique, de la forte inflation et de la concurrence internationale importante. Le défi est de s’adapter continuellement à la demande du marché en offrant un produit de qualité tout en fiabilisant les sources d’approvisionnement en matières premières.
Boursenews : Quels facteurs spécifiques ont le plus contribué à la forte augmentation de la rentabilité nette avec un résultat net qui se hisse à 7,9 MDH cette année ?
H.D : Après deux années au cours desquelles nous avons subi de plein fouet les conséquences de la pandémie, nous avons renoué l’année dernière avec des résultats positifs. Au cours de cet exercice 2023/2024, nous sommes revenus à un résultat normatif compte tenu du niveau du chiffre d’affaires.
Boursenews : Pouvez-vous nous donner plus de détails sur les stratégies mises en place pour maintenir une dynamique commerciale à l'export, notamment dans un contexte de renchérissement des matières premières ?
H.D. : Cartier Saada exporte à hauteur de 96% de son chiffre d’affaires et par conséquent, l’animation commerciale est principalement axée sur l’exportation. Nous disposons d’un portefeuille large et diversifié en termes de segments de marché mais aussi en termes de couverture géographique. Nous exportons sur 30 pays même si les Etats-Unis d’Amérique et l’Europe représentent le plus gros de nos destinations. Nous continuons à recevoir des demandes importantes auxquelles nous regrettons de ne pas pouvoir toujours répondre, compte tenu du niveau relativement faible des dernières campagnes oléicoles. Nous nous efforçons de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement pour faire face à une demande de plus en plus forte.
En effet, les campagnes agricoles, en général, et notamment oléicoles ont beaucoup souffert du stress hydrique et des fortes chaleurs sur les trois dernières campagnes, ce qui a induit une forte augmentation des cours de la matière première. La tendance est la même dans les autres pays de la méditerranée à quelques exceptions près, et donc le contexte inflationniste est généralisé.
Boursenews : Vous avez évoqué la diversification des sources d'approvisionnement face au changement climatique dans votre communication financière. Quels sont les nouveaux marchés ou régions d'approvisionnement explorés par Cartier Saada et quelles mesures sont prises pour garantir la qualité et la sécurité de ces nouvelles sources ?
H.D. : Depuis trois ans, nous avons opéré un changement stratégique pour nous adapter aux conséquences du changement climatique en général et dans notre pays en particulier. Nous avons construit une politique d’approvisionnement volontariste ouverte sur l’ensemble du terroir du Maroc (du sud au nord) mais aussi sur tout le pourtour méditerranéen. Il va de soi que nous privilégions et privilégierons toujours les fruits de l’agriculture marocaine mais nous compléterons nos tonnages en fonction des niveaux de la campagne au Maroc par des importations d’Espagne, du Portugal, d’Egypte ou de Grèce. Quelle que soit l’origine, nous avons un processus rigoureux de sélection des fournisseurs et des lots achetés, garantissant la qualité et la sécurité alimentaire de nos productions.
Boursenews : Enfin, quels sont vos principaux objectifs et priorités à court et moyen termes afin de continuer à améliorer la rentabilité et la croissance de l'entreprise ?
H.D. : Nous ambitionnons de consolider notre position parmi les leaders de notre secteur en continuant à augmenter nos volumes d’exportations dans toutes les géographies actuelles. Pour ce faire, nous déployons beaucoup d’efforts pour assurer un approvisionnement de qualité et au meilleur prix. Le contexte inflationniste nous impose d’être ouvert, innovant et agile. Il nous contraint également à une gestion de la trésorerie encore plus fine car le besoin en fonds de roulement a plus que doublé en trois ans, compte tenu de la très forte hausse de la matière première.
Propos recueillis par Y.S