Pour les investisseurs institutionnels, plusieurs éléments sont pris en compte dans l'allocation stratégique d'actifs : les contraintes ALM liées à la gestion du bilan, les exigences réglementaires imposées par les autorités de contrôle et les impératifs de performance liés à la situation des marchés financiers. En ce qui concerne ce dernier point, on évoque souvent au Maroc l'arbitrage entre la bourse et le marché obligataire. Bien que ces dernières années aient vu l'émergence d'autres catégories d'actifs telles que les infrastructures, les OPCI et, dans une moindre mesure, le capital-investissement, les deux premières catégories restent les plus liquides et les moins gourmandes en capitaux et en énergie.
Lorsqu'on examine de plus près cet arbitrage entre les actions et les obligations, deux tendances se démarquent. Tout d'abord, à long terme, l'année 2023 a été un point d'inflexion marqué par un net rebond du rendement des obligations, le rendant plus attractif que le rendement des actions, calculé par le rendement du dividende du marché boursier, qui était de 3,10 % en 2023 contre 4,06 % pour les obligations d'État à dix ans, selon les données de BMCE Capital Global Research (BKGR).
Le bureau de recherche rappelle que pendant sept ans, le rendement des actions a surclassé celui du marché obligataire. « Le spread a atteint un pic en juin 2023 (-104 pb) avant de se resserrer progressivement après le premier statu quo de la Banque Al-Maghrib, qui a initié l'assouplissement des taux », peut-on lire dans le rapport « Strategy2024 » de BKGR.
L'année s'est toutefois conclue avec un écart de -97 pb, ce qui nous conduit à la deuxième tendance, à court terme, où le spread se resserre à mesure que les taux obligataires se détendent, une tendance qui devrait se poursuivre. « À court et moyen termes, le spread devrait continuer de se resserrer dans un contexte anticipé de maintien d'une politique monétaire accommodante par la Banque centrale et le retour à des taux à des niveaux plus normatifs avant de basculer à nouveau en faveur des actions », peut-on lire dans le document.
Pour 2024, il est vrai que le marché des actions démarre avec une valorisation moins attractive qu'en 2023 et un rendement qui reste désavantageux par rapport au marché obligataire. Toutefois, la bourse pourrait bénéficier de la baisse de la prime de risque et du taux sans risque qui amélioreraient la valorisation du marché au fur et à mesure que les taux obligataires diminuent, d'autant plus que, comme le souligne BKGR, un assouplissement de la politique monétaire est attendu dans les 12 à 18 prochains mois.
Retour des actions à haut rendement sur le devant de la scène
Cette dynamique de marché devrait à nouveau bénéficier aux actions à haut rendement dans les trimestres à venir. Dans son portefeuille recommandé, BKGR met l'accent sur deux valeurs notamment pour leur potentiel de rendement élevé : Ciments du Maroc et Sonasid.
Les investisseurs semblent aussi s'intéresser ces derniers temps à des titres tels que Disway et Microdata, tandis que d'autres valeurs, prometteuses en termes de plus-value et susceptibles d'offrir des rendements historiques, telles qu'Eqdom ou Auto Hall, restent pour l'heure en attente d'une dynamique favorable.