EMISSION DU 06/23 - par bourse news

Le faible usage de l’anglais, principal frein à l’accès des investisseurs étrangers à la Bourse de Casablanca

MSCI, fournisseur mondial de solutions d’aide à la décision pour la communauté des investisseurs institutionnels, a publié la semaine dernière les résultats de l’édition 2025 de son Global Market Accessibility Review. Le rapport évalue l’accessibilité de 86 marchés et souligne « davantage d’améliorations que de détériorations » cette année.

Une avancée mondiale… dont le Maroc profite peu
MSCI salue les progrès réalisés par de nombreuses places émergentes et frontières, notamment sur l’infrastructure de marché et la suppression d’entraves opérationnelles. Ces réformes ont dopé la transparence, fluidifié les flux de capitaux et abaissé les coûts de transaction pour les investisseurs internationaux. Concernant le Maroc, et malgré l’absence de restrictions formelles sur les mouvements de capitaux et une convertibilité bancaire du dirham pour les opérations boursières, la qualité – plus que la quantité – d’information fait encore défaut.

Le détail des manquements pointés par MSCI

  • Droits égaux pour les investisseurs étrangers : les informations relatives aux sociétés ne sont pas toujours facilement disponibles en anglais.

  • Niveau de restriction des flux de capitaux : en règle générale, il n’existe pas de restriction sur les flux de capitaux, mais l’absence de preuves d’entrées de devises peut entraîner des restrictions sur les sorties de capitaux. Les rapatriements doivent être effectués uniquement via des comptes en dirhams marocains convertibles. Les investissements financés par des virements entrants doivent être déclarés à l’Office des changes.

  • Niveau de libéralisation du marché des changes : des restrictions subsistent sur le marché offshore de la devise.

  • Réglementation du marché : toutes les réglementations ne sont pas disponibles en anglais.

  • Flux d’information : les informations détaillées concernant le marché boursier ne sont pas toujours publiées en anglais.

  • Compensation et règlement/livraison : le statut de détenteur nominal (nominee) n’est pas reconnu légalement. Par ailleurs, les facilités de découvert sont limitées pour les investisseurs étrangers.

  • Négociation : la concurrence limitée entre courtiers peut entraîner des coûts de transaction relativement élevés.

  • Transférabilité : les transactions hors marché (de gré à gré) sont interdites.

Pourquoi l’anglais compte autant
Pour les gérants internationaux, l’accès instantané à des états financiers traduits et à une réglementation intelligible conditionne l’allocation de capitaux. Faute de standards bilingues, le risque d’erreur d’interprétation augmente et les frais de conformité explosent ; nombre de fonds préfèrent alors des marchés voisins mieux documentés. Cette carence pèse sur la liquidité : la part des échanges réalisés par les investisseurs non-résidents sur le MASI tourne autour de 3 à 5 %, soit un niveau modeste par rapport aux aspirations de la place financière casablancaise. Pourtant, la compétitivité linguistique est un chantier peu coûteux comparé à la modernisation d’infrastructures.

Vers un rebalancement du Maroc dans l’indice MSCI ?
Selon MSCI, l’accessibilité d’un marché, combinée à son niveau de développement économique, sa taille et sa liquidité, détermine sa classification en marché développé, émergent, frontière ou stand-alone. À ce titre, les conclusions de la révision annuelle de la classification des marchés MSCI 2025 seront annoncées le 24 juin 2025. À suivre pour voir si le fournisseur d’indices fait évoluer la position du Maroc dans cet indice, sachant qu’il respecte tous les critères quantitatifs, notamment de taille, de profondeur et de liquidité pour retrouver son statut de marché émergent et permettre ainsi à la Bourse de Casablanca d’attirer beaucoup plus de flux étrangers.

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