Le marché interbancaire est repassé en situation de surliquidité avant même la date annoncée par le gouverneur de la banque centrale. Ce dernier avait indiqué que ce passage se ferait lors du deuxième semestre de cette année. Nous y sommes déjà !
Durant la période allant du 31 mars au 06 avril 2016, la Banque centrale n'a injecté que 9 Mds de dirhams et il ne s'agissait que d'opérations de prêts garantis dans le cadre du programme de soutien au financement de la TPME. En revanche elle n'a pas accordé d'avances à 7 jours au titre de la semaine. A côté, les échanges sur le marché interbancaire ont diminué de 300 MDH sur la semaine.
Nous avons donc d'un côté des crédits bancaires à l'économie qui baissent alors qu'en face les banques regorgent de liquidités. Et comme ce n'est pas suffisant, le taux directeur s'inscrit durablement en baisse. L'absence de vases communicants faits que l'inflation ne décolle pas, puisque le crédit stagne malgré l'abondance de liquidité. Cette situation rappelle étrangement l'année 2003 où la surliquidité du système bancaire a accéléré violemment. Une situation qui s'est prolongée jusqu'en 2007. A l'époque, en 2003, le système bancaire avait les mêmes caractéristiques que maintenant : une baisse des taux, hausse rapide de la liquidité bancaire et une réduction des marges au niveau du secteur.
A l'époque, le Maroc captait plus de transferts de MRE et recevait des devises importantes à cause des privatisations. Aujourd'hui, la surliquidité peut largement être expliquée par la baisse des crédits et la hausse des dépôts toutes catégories confondues. En gros, les raisons différent entre 2003 et aujourd'hui mais les conséquences sont les mêmes, c'est-à-dire un delta de liquidité important sur une période courte.
Vers une meilleure rémunération des excédents bancaires
Si les mêmes causes produisent les mêmes effets, voici ce que risque de faire la banque centrale pour atténuer l'impact de cette surliquidité sur la valeur de la monnaie. En 2003, Abdelatif Jouahri avait attendu le mois de septembre pour intervenir. BAM avait décidé de relever le ratio de la réserve monétaire, et a eu recours aux opérations de reprise de liquidités et pour la première fois, aux swap de change, comme l'expliquait à l'époque le gouverneur de la banque centrale dans ce discours devant les membres du Conseil National de la Monnaie et de l’Epargne tenue le 6 avril 2004 . “Afin de ne pas décourager la mobilisation de l’épargne, BAM a relevé le taux de rémunération des fonds constitués au titre de la réserve monétaire et aligné celui des reprises de liquidités sur le taux directeur, demeuré inchangé à 3,25%”, expliquait Jouahri. Sauf qu'à l'époque, les réserves obligatoires étaient déjà à un niveau élevé.
On pourrait donc s'attendre, si le scénario se répète, à ce que la banque centrale temporise jusqu'au dernier trimestre avant de relever le taux des réserves obligataires et peut-être leur rémunération.
Mise à jour le 21 juin 2016
Bank Al-Maghrib a fini par relever les réserves obligatoires de banques en juin 2016. Elles passent donc de 2% à 5%