La 8ème édition du Rendez-Vous de Casablanca de l'Assurance qui a démarré ce matin a coïncidé avec le retour d’une certaine normalité après deux années de restrictions sanitaires. Dans son mot d’ouverture, Mohamed Hassan Bensaleh, président de la Fédération marocaine des sociétés d'assurances et de réassurance (FMSAR) a déclaré que « nous évoluons malheureusement dans un monde plein d’incertitudes de doutes et de facteurs d’instabilité, mais nous devons aller de l’avant. Pour notre secteur, aller de l’avant signifie de continuer à préserver ce formidable outil de financement de l’économie et de protection des individus et des biens, dans un contexte qui nous impose de nouveaux défis ». D’où le choix de la thématique de cette année à savoir l’assurance durable et la couverture santé.
Sur un autre registre, a noté Bensaleh, l’émergence de risques de genre nouveaux met à mal nos modèles classiques de modélisation et peut mettre en péril notre équilibre. Un point face auquel le secteur d’assurance marocain fait face actuellement à travers « la multirisque climatique lancée en 2011, tout comme le dispositif obligatoire contre les conséquences des événements catastrophiques lancé en 2022. Mais aujourd’hui tous les risques ne sont pas couverts, il faut y aller progressivement et avec maitrise pour pouvoir construire des dispositifs viables te durables ».
Intervenant à l’ouverture de cet évènement Othman Khalil El Alamy, Président par intérim de l’ACAPS a rappelé les enjeux du contexte national actuel marqué par le chantier de la généralisation de la protection sociale, appelant le secteur des assurances à s’inscrire dans cette dynamique, et ce, en proposant des produits complémentaires adaptés à cette nouvelle donne.
El Alamy a aussi passé en revue les efforts déployés par le Maroc en matière de lutte contre les changements climatiques, précisant, à cet égard, que « les assureurs, en tant qu’investisseurs institutionnels, ont un rôle majeur à jouer pour soutenir l’orientation du pays dans sa transition énergétique, contribuer au verdissement de l’économie et plus généralement au développement durable ».
Le point sur la 1ère étape du chantier de la protection sociale
Pour sa part, Hassan Boubrik, directeur général de la CNSS est revenu sur la première étape du chantier de la protection sociale qui concerne la couverture médicale laquelle doit être achevée dans quelques mois. «Ce projet peut être qualifié de réelle révolution sociétale dans le sens où il transforme de manière profonde la manière dont les solidarités se construisent au sein de la société», a indiqué Boubrik.
CNSS qui a été désignée par les pouvoirs publics pour gérer le régime de couverture maladie des travailleurs non-salariés et des populations vulnérables. «De ce fait, notre activité est en train d’enregistrer une activité sans précédent. En 22 mois, le nombre d’assurés devrait passer de 3,5 millions à 11 millions de personnes. Le nombre de bénéficiaire va être multiplié par 4, passant de 7 à 29 millions. Le nombre de dossiers de maladie traités doit passer de près de 20.000 à 80.000 ou 90.000 par jour ».
Cette évolution exponentielle de l’activité a mis la CNSS devant des défis opérationnels énormes notamment au niveau des systèmes d’informations, de l’organisation et des process. À date d’hier, plus de 1,5 millions de nouveaux assurés ont été immatriculés. « Nous prévoyons d’intégrer le reste des travailleurs non-salariés avant fin mai. Ensuite, les populations vulnérables seront intégrées à partir du mois de juillet », a déclaré Boubrik.
Pour lui, la priorité est d’intégrer ces populations dans de bonnes conditions et leur procurer un service de qualité, particulièrement le délai moyen des traitements des prises en charge, ainsi que le délai de remboursement des frais de soins. Ce dernier est actuellement de 8 jours. L’objectif est de le maintenir malgré l’augmentation du nombre des dossiers traités qui est passé de 22.000 à 32.000 par jour. À moyen terme, il espère réduire ce délai à 5 ou 6 jours.
« Nous espérons réussir avec la mobilisation de l’ensemble des parties prenantes le défi d’intégrer en un temps record 60% de la population marocaine à l’assurance maladie obligatoire. Nous devons ainsi veiller à la viabilité du régime à moyen-long termes et devons également anticiper des transformations profondes qui touchent le secteur de la santé notamment les points démographique, épidémiologique et technologique », a fait valoir le DG de la CNSS.