Embellir les états financiers et lisser les résultats à travers le temps sont les mots d’ordre de chaque fin d’année avec comme conséquence de doper les volumes traités sur le marché boursier. L'objectif des allers-retours est surtout commercial. L'intérêt comptable n'étant pas toujours évident à trouver.
La logique derrière les allers-retours
La période des allers-retours est généralement caractérisée par une hausse importante des volumes de transactions mais par des cours boursiers qui stagnent, voire même qui baissent. C’est d’ailleurs ce que l’on a remarqué durant les deux semaines écoulées avec un volume qui a atteint les 700 MDH le 11 décembre dernier.
Une fois les allers-retours terminés, les fonds d’investissement se retrouvent avec des prix de revient des plus bas possibles, voire proches des plus bas annuels pour certaines valeurs.
Notons que cette opération a un but purement commercial : les gérants de fonds produisent, en effet, des reportings périodiques sur la composition de leurs portefeuilles à l’intention de leurs clients. Cela peut être trimestriel, semestriel ou encore annuel. En plus du fait que le compte-rendu des opérations, transmis en fin d’année, semblerait plus attentivement observé que les reportings intermédiaires.
Ensuite, les investisseurs sont en mesure d’examiner les informations transmises par les gérants de portefeuille et de prendre, de ce fait, leurs décisions d’investissement. Les objectifs du fonds, la stratégie, les commissions, la performance adossée au risque et les plus grandes détentions y figurent. La performance réalisée constitue bien évidemment une information décisive pour les investisseurs. Mais elle est croisée avec l’analyse de la composition du portefeuille qui est également un indicateur permettant de juger des compétences des gérants. Ce faisant, puisque la révélation des titres détenus intervient généralement une, deux, voire quatre fois par an, le gérant est conscient que le reporting fera l’objet d’une attention particulière des investisseurs. Le gérant sait notamment, que si les éléments communiqués ne correspondent pas aux attentes des investisseurs, ces derniers risquent de retirer leurs fonds. C’est pourquoi il va chercher à faire apparaître son portefeuille sous l’angle le plus convaincant ou le plus rassurant possible, en mettant en valeur les lignes du portefeuille les plus attractives, et en dissimulant celles qui le sont le moins. C’est alors précisément ce genre de pratiques que l’on connaît sous le terme d’habillage de portefeuille.
Le « window dressing » tend donc à se produire juste avant la période de divulgation de la composition du portefeuille aux investisseurs finaux, mais les remaniements de titres détenus par le fonds n’ont pas pour objectif d’en modifier la performance d’ensemble.
Comment ça marche ?
Ce sont généralement des opérations effectuées entre au moins deux fonds appartenants au même groupe (ce qui facilite la tâche).
Prenons un exemple. Le fonds A a acheté l'action ABC en début d'année à 100 DH. Le cours est actuellement de 40 DH. Il va alors vendre ses actions au fonds B à 40 DH, qui va les lui revendre immédiatement au même cours (quelques secondes d'intervalle). Le fonds A se retrouve ensuite avec l'action ABC inscrite à son bilan au cours de 40 DH. La moins-value passe de probable à certaine, ce qui, comptablement ne change rien. Toutefois, le cours d'achat devient plus intéressant. De quoi entamer sereinement le prochain exercice.
Les sociétés de Bourse en profitent de moins en moins
Il s'agit ici surtout des sociétés de Bourse dites dépositaires. Les allers-retours portent sur plusieurs dizaines de milliers de titres et l'opération est double. Ce qui en théorie génère un chiffre d'affaires intéressant pour les intermédiaires boursiers. Seulement, avec la baisse drastique des volumes en Bourse, ces dernières sont obligées de brader leurs commissions pour attirer ces opérations. Un autre phénomène récent constaté sur le marché depuis trois ans et la régularité des allers-retours. Ces opérations ne sont plus intensives et il arrive, comme en 2013, que les gérants de fonds soient peu préoccupés par ces opérations qui, rappelons-le, sont d'ordre mondial.