C'est devenu tellement banal d'affirmer que nous sommes le pays qui dispose des plus grandes réserves de phosphates dans le monde qu'on en oublie de chiffrer ces réserves. Combien d'entre nous connaissent vraiment le potentiel du Royaume en la matière ? Faisions le point.
Cette carte ci-dessous est extraite de la dernière note d'informations de l'OCP. Elle a été réalisée par le Département d’études géologiques des États-Unis en janvier 2016. Elle est plus parlante qu'un long texte et on y constate l'écrasante majorité des réserves mondiales se trouvent au Maroc : 72,4% des gisements de roche phosphatée se trouvent au Maroc.
Source : Note d'informations OCP
Le reste des gisements se trouve en Chine, au Moyen-Orient et aux États-Unis. De vastes gisements non sédimentaires ont également été recensés au Brésil, au Canada, en Finlande, en Russie et en Afrique du Sud. D’après le rapport publié en janvier 2016 par l’USGS, , les réserves mondiales de roche phosphatées sont évaluées à environ 69 milliards de tonnes, dont 50 milliards se trouvent au Maroc.
Le Maroc avantagé par la nature
Si le Maroc est doté d'autant de réserves naturelles, c'est grâce à son passé géologique. Les réserves de roche sont généralement localisées dans d’anciennes zones de remontée des eaux océaniques et d’anciens milieux pauvres en énergie. Les zones cotiéres exploitées actuellement par l'OCP étaient toutes recouvertes jadis par l'Océan Atlantique, les formations de roche phosphatées se présentant le plus souvent sous la forme de phosphorites sédimentaires d’origine marine.
Un marché mondial impossible à satisfaire
Production mondiale. Source : OCP
Malgré son niveau de réserves, le Maroc n'est pas le premier producteur mondial. La Chine produit 4 fois plus que le Maroc qui est second mondial. Mais après tout, l'avenir appartient à ceux qui "en ont sous le pied". Car le phosphore contenu dans les roches phosphatées est principalement utilisé dans la production d’engrais : ceux-ci représentent environ 88 % de la demande mondiale de produits phosphatés. C'est d'ailleurs ceci qui a poussé le Maroc et l'OCP à changer de stratégie et se diriger vers la production d'engrais, génératrice d'une plus grande valeur ajoutée. L'OCP prévoit ainsi d'atteindre une production de 21,3 millions de tonnes d'engrais en 2025, contre 8,5 millions de tonnes en 2015. En 2016, l’IFA a estimé que la demande mondiale d’engrais devait croître de 2,9 % par an pour atteindre 186,3 millions de tonnes en 2016-2017. De son côté, Argus, spécialiste de l'information dédiée à ce domaine, la consommation mondiale d’engrais phosphatés devrait atteindre 54,1 millions de tonnes P2O5 à horizon 2029 (ce qui représente un taux de croissance annuel moyen de 1,8 % entre 2014 et 2029). Autant dire que le potentiel de l'OCP, malgré un investissement estimé à 200 milliards de dirhams sur la période 2008-2025, sera à terme très loin de son épuisement. L'avenir de l'agriculture mondiale se joue au Maroc.