Jusqu'à aujourd'hui, 80% des revenus des intermédiaires proviennent… de l’intermédiation. C'est ce que révèlent les différents rapports annuels du CDVM. Sauf qu’au regard des volumes en constante baisse, mettre le paquet sur d’autres activités comme le conseil, même dans le non côté, permettrait sans doute d’être moins dépendant des transactions sur le marché. D'ailleurs, jusqu'à présent, l’activité de conseil et d'accompagnement rapporte 4% du chiffre d’affaires total des SDB (en moyenne) contre 0,9% seulement en 2011. Entre ces deux dates, l'investisseur particulier marocain a appris à faire confiance à internet et aux protocoles de sécurité offerts par les brokers. C'est derniers ont investi plus ou moins massivement dans le courtage en ligne et certains arrivent aujourd'hui à amortir leurs investissements lancés en 2006 et 2007 alors que d'autres, qui n'ont pas pris la vague, doivent attendre l'amortissement de ces actifs avant de passer à autre chose.
Cela dit, passer à une cartographie des revenus où l’intermédiation serait moins exclusive était (et le sera jusqu'à approbation de la nouvelle loi régissant le marché boursier par le parlement) limitée par le cadre réglementaire. Là aussi, tant que les clients ne disposeront pas d’une large palette de produits pour mieux s’exprimer sur les marchés, ils ne seront pas acheteurs de conseils. L’expérience mondiale a montré que la multiplication des produits ferait baisser les prix de l’intermédiation et inciterait les plus actifs à l’être encore plus. C'est pour cela que la nouvelle loi sur la Bourse permettra d'admettre plus facilement des entreprises étrangères et des PME. C’est un cercle vertueux où tout le monde serait gagnant. Car pour l'instant, les géants continueront d’opérer les deals les plus importants sur le marché des blocs, tandis que les indépendants devront batailler dur pour s’arracher quelques transactions auprès des institutionnels sans arriver à séduire les particuliers qui possèdent, au passage, quelque 90.000 comptes titres ouverts à fin 2013.
Benchmark
En allant sur le site du Nasdaq, vous remarquerez que l'ouverture au marché publicitaire n'est plus un tabou. Le site de la première Bourse des valeurs technologiques au monde n'hésite pas à proposer des bannières publicitaires d'entreprises cotées ou de courtiers spécialisés. Chez les courtiers américains c'est la même chose. Beaucoup d'entre eux produisent du contenu d'analyses qu'ils revendent au médias spécialisés. Certains disposent carrément d'équipes Média comme c'est le cas pour IG, leader en Trading de produits dérivés. Nos voisins tunisiens constituent à leur tour à un bon exemple d'ouverture des Sociétés de Bourse sur des services d'accompagnement et de conseils différents.
Création de forums, de manifestations d'apprentissage gratuites et payantes ou encore cessions en direct pour commenter l'évolution du marché, les résultats des entreprises ou tout autres événements sont aussi des services de Conseil internet qui peuvent alimenter la SDB 2.0.1, en plus d'une plus grande présence dans le Conseil en non-coté.
Enfin, mettre l'apprentissage de l'investisseur au coeur de la stratégie de développement offrirait aussi bien à leur cible, qu'à la presse spécialisée marocaine, une opportunité de mieux comprendre les mécanismes de fonctionnement du marché. Tout le monde y serait gagnant.
Pourvu que 2016 soit l'année du renouveau, sous l'impulsion de cette nouvelle loi.