L'année 2024 s'annonce comme un cru exceptionnel pour les bénéfices des entreprises cotées qui constituent le scope AGR-30 édité par Attijari Global Research.
Les analystes du bureau de recherche viennent en effet de réviser à la hausse les prévisions de croissance des bénéfices 2024 à +16% contre +7,3% initialement anticipé. Toutefois, ce rythme devrait ralentir en 2025 avec une progression attendue de +9,5%, légèrement inférieure aux prévisions précédentes (+10,4%).
Le secteur bancaire, moteur de la performance
Si la croissance de la rentabilité agrégée est robuste, elle repose largement sur la performance du secteur bancaire, qui devrait à lui seul générer 84% de la hausse des profits en 2024. Trois facteurs expliquent cette dynamique : une expansion du crédit, un contexte de taux d’intérêt favorable et une nette amélioration du coefficient d’exploitation (COEX). En excluant les banques, la progression des bénéfices se limite à +5,1%.
Les secteurs du BTP (+77%), de l’immobilier (+62%) et des infrastructures portuaires (+25%) bénéficient également d’un rebond significatif cette année, bien que la tendance devrait s’atténuer en 2025 (+30%, +12% et +10% respectivement) en raison d’un effet de base élevé.
Valorisation : Des arbitrages sectoriels en perspective
La valorisation du marché présente une forte disparité. Le ratio cours/bénéfice (P/E) attendu pour 2025 au sein de l’AGR-30 s’établit à 18,6x. Mais cette moyenne masque des écarts marqués : les banques et télécoms affichent un P/E attractif de 14,0x, tandis que les autres secteurs atteignent 29,0x, voire 53,0x dans l’immobilier. Cette configuration pourrait inciter les investisseurs à un retour vers des valeurs défensives comme les banques et télécoms, alors que les titres jugés chers devront justifier leurs valorisations élevées par des résultats solides en 2025.
Pour AGR, la dynamique actuelle confirme un marché prêt à payer un premium sur les valeurs de croissance, au détriment des valeurs de rendement.
Reste à savoir si cette appétence se maintiendra dans un contexte où les exigences de rentabilité deviennent de plus en plus élevées.