Les ingrédients d'une mauvaise passe sont officiellement réunis chez Stroc Industrie : retard dans la publication des comptes semestriels, un profit warning publié aujourd'hui, 20 jours après le délai légal, et une situation nette négative. Le pronostic vital est engagé au point que les actionnaires devront se prononcer sur la non dissolution de la société lors de l'Assemblée générale mixte prévue le 25 octobre prochain.
Pour ce premier semestre, la société évoque des retards dans la production, liés à des difficultés de trésorerie. Le chiffre d'affaires serait en recul de 12% alors que le résultat net serait déficitaire, encore une fois. Pour amortir le choc, la société a taillé dans ses charges de personnel (-28%) et réduit ses charges locatives (-35%). La source du problème provient donc de la trésorerie qui perturbe la production, et la situation n'est pas prête de s'arranger.
Trésorerie et marges structurellement sous pression
Les problèmes de trésorerie de Stroc Industrie proviennent de la concentration de ses clients : (Pas moins de 50% du chiffre d'affaires sont réalisés avec l'OCP). Outre les délais clients habituels, Stroc Industrie ne récupère pas la totalité de la TVA engagée avec l'OCP. L'Office qui considère ce type de fournitures industrielles comme des biens d'équipement en acquiert une bonne partie en franchise de TVA. La trésorerie est donc sanctionnée, et avec elle, les marges de Stroc qui passe cette TVA récupérable en charges. Tant que Stroc Industrie dépendra de l'Office, la situation ne sera pas réglée.
Des promesses qui tardent à se concrétiser
Le management a annoncé en 2015 un marché de 300 MDH avec l'OCP sur une période de 2 ans et une accélération des rentrées de trésorerie. Si l'on ne peut pas vérifier l'état d'avancement de ce chantier, on peut au contraire être sûr que, d'autres promesses n'ont pas été tenues. Car il s'agissait d'une augmentation de capital en urgence pour résorber l'état de la situation nette et que la société était sur le haut d'un cycle d'investissement qui lui permettait de sortir du rouge dès début de 2016. D'ailleurs, le titre a gagné plus de 40% pendant les premiers mois de l'année, laissant même présager un changement de tendance à moyen terme. On en parle ici. Lors d'une rencontre avec la presse sur un chantier de la société, Nabil Ziyatt, le PDG de la société, nous avait déclaré : "la société travaille avec une banque d'affaires de la place pour recapitaliser la société et "reboucher les trous". Pour l'heure, rien ne semble se profiler pour Stroc, tributaire de son principal client.
Dans un communiqué publié aujourd'hui, Stroc Industrie dit être confiant des ses fondamentaux et continue de chercher des partenaires lui permettant d'évoluer et de réaliser son potentiel de développement. Les dirigeants de la société restent ainsi confiants quant à l'amélioration de la situation pour l'exercice 2017.
Notons enfin que le chiffre d'affaires annoncé pour le premier semestre de 194,3 MDH est largement en-dessous des prévisions des analystes. Il ne dépasse pas 43,3% du CA prévu par BMCE Capital Bourse.