Bank Al-Maghrib vient de publier un nouveau document de recherche académique traitant de la dynamique de la transmission des décisions de politique monétaire aux taux d’intérêt de détail des banques. Cela s'est fait à l’aide des données de l’enquête trimestrielle sur les taux débiteurs de Bank Al-Maghrib rendue publique chaque trimestre. Les données utilisées recouvrent les taux moyens appliqués aux nouveaux prêts ventilés par objet économique (immobilier, trésorerie, équipement, et consommation) et par secteur institutionnel (ménages, entreprises non financières et entrepreneurs individuels) entre le deuxième trimestre de 2006 et le deuxième trimestre de 2017.
L'étude examine l’impact des variations du taux d’intérêt interbancaire sur les taux débiteurs. L’analyse a été conduite sur un panel de données trimestrielles qui concernent 5 banques totalisant plus que 80% du total d’actif du système bancaire marocain sur la
période 2006-2017.
Hétérogénéité significative
Les résultats suggèrent une hétérogénéité significative de la transmission vers les taux débiteurs qui varie selon l’objet économique et le secteur institutionnel. D’autres enseignements ont été tirés de ce travail. A court terme, les estimations mettent en évidence une élasticité, presque nulle, des taux débiteurs au taux du marché interbancaire. A long terme, la transmission vers les taux d’intérêt des prêts immobiliers et des crédits à l’équipement est complète (entre 90% et 99%). En revanche, la transmission pour les crédits de trésorerie et à la consommation est incomplète (moins de 35%). Aussi, le pass-through est relativement plus important pour les prêts octroyés aux entreprises comparativement aux crédits destinés aux entrepreneurs individuels et aux ménages. En ce qui concerne le délai d’ajustement des taux débiteurs, ce dernier varie de 1 à 7 mois en fonction de la catégorie de crédit bancaire.
Enfin, les résultats mettent en évidence que la structure financière des banques n’affecte pas la transmission à long terme du taux d’intérêt interbancaire aux taux débiteurs. Par contre, elle impacte les délais d’ajustement.
Des résultats en lignes avec la tendance mondiale
Ces résultats sont globalement en ligne avec les conclusions des recherches empiriques réalisées sur des pays avancés et des économies émergentes qui s’accordent, en général, sur l’absence de transmission complète des impulsions de politique monétaire vers les taux débiteurs, conclut l'étude. Les résultats mettent aussi en évidence l’effectivité du canal du taux d’intérêt et par conséquent indiquent une amélioration de la concurrence au sein du secteur bancaire marocain. Par ailleurs, les chercheurs estiment que ces progrès devraient se consolider avec l’adoption du ciblage d’inflation à un stade avancé du processus de flexibilisation du régime de change entamé en 2018. De même, la poursuite de l’amélioration des fondamentaux
macroéconomiques devrait continuer à jouer un rôle crucial dans la réduction des primes de risque et le renforcement de l’efficacité des décisions monétaires.
L'étude complète est disponible sur le site web de la Bank Al-Maghrib.