Jeudi 31 Octobre 2019

Politique monétaire : Les appels à la baisse des taux se multiplient

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Après le discours Royal pour une plus grande «implication» du secteur bancaire et du privé dans le financement de l'économie, qui constitue, selon le Roi, «la clé de voûte de toute stratégie de développement », les appels se sont multipliés pour une politique plus accommodante de la part de la Banque centrale pour accompagner et soutenir des crédits qui progressent timidement. 

Le dernier en date est celui du Centre marocain de conjoncture (CMC) dont les économistes estiment qui la politique monétaire devrait jouer un rôle plus engageant en apportant plus de soutien à l’investissement privé dans un contexte de «rareté» des ressources.

Pour le CMC, le projet de budget 2020 est serré et opte pour le statut quo. «Il semble opter pour la continuité qui, dans le contexte actuel, signifie le maintien de l’option de rigueur budgétaire. Les mesures préconi- sées dans le cadre de la programmation budgétaire pour l’année à venir que ce soit au plan de l’affectation des ressources, du volume des dépenses, de l’effort d’investissement ou encore de la structure de la fiscalité relèvent en effet plus du fine-tuning que d’un véritable renouveau de la politique économique».

La consolidation des effets de l’ensemble des mesures prévues dans le projet de budget devrait ainsi aboutir à une injection d’une dépense supplémentaire dans le circuit économique évaluée à 8,9 Milliards de DH. Cette dépense devrait engendrer, selon le mécanisme du multiplicateur et compte tenu des paramètres macroéconomiques relatifs au comportement de consommation et d’importation, un surcroît de demande intérieure estimé à 15,9 Milliards de DH. L’impact de l’impulsion initiale susceptible de se réaliser durant l’exercice budgétaire devrait, en outre, se réduire à 11,2 Milliards de DH seulement du fait que le processus du multiplicateur déborde généralement la période annuelle. Ce résultat qui, en termes nominaux, représente à peine 0,9 % du PIB apparaît «insignifiant compte tenu des exigences de la relance de l’activité économique et de la promotion de l’emploi».

 

Pour une politique monétaire plus accommodante

Toujours selon le CMC, le faible impact attendu du budget 2020, dans un contexte de rareté de ressources, interpelle sur la pertinence des choix budgétaires et leur interaction avec les autres instruments de politique économique. L’insuffisance des moyens mobilisables par l’Etat incite à mettre plus en avant la contribution des opérateurs privés pour l’impulsion d’une nouvelle dynamique d’investissement et de croissance. La politique monétaire devrait jouer un rôle plus engageant dans ce sens en apportant plus de soutien à l’investissement et en garantissant des conditions de financement plus accommodantes pour l’entreprise. Le contexte macroéconomique marqué à la fois par un repli de la croissance et par une inflation faible et qui s’apparente, de plus en plus, à une situation de déflation, offre l’opportunité d’actionner les instruments monétaires appropriés pour une véritable relance de l’activité.

L’option d’une révision de la conduite de la politique monétaire, ses priorités, ses instruments et ses objectifs ultimes s’impose de plus en plus avec la faiblesse persistante des activités du crédit qui ne cesse de plomber le cycle des affaires depuis plusieurs années. Le recadrage de la politique économique et la recherche d’une plus grande efficacité de ses instruments ne peuvent se concevoir que dans le cadre d’un renouveau du policy-mix, budgétaire et monétaire, en reconsidérant ses objectifs mais aussi en optimisant ses moyens.

 

Impacts du PLF2020 sur les entreprises et les ménages

Sur un autre registre, l’impact des différentes dispositions du projet de budget apparaît assez différencié selon la nature des mesures envisagées et les catégories d’opérateurs considérés, ménages et entreprises. «La consolidation des effets induits des principales dispositions à caractère fiscal affectant l’entreprise, portant notamment sur l’ajustement des taux de l’impôt sur les sociétés pour certaines catégories d’opérateurs en plus du relèvement des droits d’importation appliqués à certains produits, conduirait ainsi à une perte nette de ressources disponibles à l’investissement de l’ordre de près d’un milliard de DH».

Au niveau des ménages, les différentes mesures fiscales affectant la consommation généreront une perte apparente de ressources pour cette catégorie d’agents de 5,3 Milliards de DH qui sera largement compensée par le surcroît de dépenses prévues au titre du personnel pour un montant estimé à 7,5 Milliards de DH.

Selon les données de la banque centrale publiées mercredi, à fin septembre 2019, le rythme de progression des concours au secteur non financier s’est accéléré à 4% après 3,5%, traduisant essentiellement une hausse de 4,3% après 3,9% des crédits au secteur privé, les prêts aux sociétés non financières privées et ceux aux ménages s’étant accrus de 4,2% après 3,4% et de 4,5% après 4,3% respectivement. En revanche, les concours aux sociétés non financières publiques ont accusé une baisse de 5,6%, soit le même taux enregistré un mois auparavant.

BAM

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