Bank-Al-Maghrib (BAM) devrait poursuivre sa stratégie expansionniste en matière de la politique monétaire et maintenir son taux directeur inchangé à 1,5% sur l'année 2021, selon Attijari Global Research (AGR).
"Aujourd'hui, la priorité de la politique monétaire demeure le soutien de la reprise des secteurs productifs dans un contexte crucial marqué par un assouplissement accéléré des restrictions sanitaires à l'échelle mondiale. Dans ces conditions, BAM devrait poursuivre sa stratégie expansionniste et maintenir son taux directeur inchangé à 1,5% sur l'année 2021", indique AGR, dans une analyse publiée suite à la réunion trimestrielle de la Banque Centrale.
Par ailleurs, poursuit la même source, le scénario d'un éventuel resserrement monétaire sous l'effet d'une intensification des pressions inflationnistes ne semble pas envisageable sur les 3 prochains trimestres.
Revenant sur la 2ème réunion de politique monétaire de BAM de cette année, les analystes d'AGR estiment que la décision de la Banque Centrale de maintenir le taux directeur à 1,5% est soutenue par "l'amélioration de la visibilité quant à la reprise de la croissance économique dans un contexte marqué par des conditions de financement favorables, une situation sanitaire en amélioration continue et un niveau d'inflation toujours maîtrisable".
Tenant compte des progrès visibles de la stratégie vaccinale nationale et d'une campagne agricole record proche des 100 millions de quintaux (Mqx), BAM a maintenu inchangée sa prévision de croissance à 5,3% en 2021, rappelle AGR, précisant que cette reprise attendue de l’activité économique est alimentée par le déploiement d'un plan de relance budgétaire important de 120 milliards de dirhams (MMDH), axé sur la relance de l'investissement, considéré comme un pilier de la demande intérieure, une politique monétaire toujours accommodante et enfin, l'assouplissement visible des restrictions sanitaires au Maroc et au sein des pays partenaires.
En outre, la filiale du groupe Attijariwafa Bank souligne que la Banque Centrale a relevé ses prévisions d'inflation à 1% en 2021 contre 0,9% initialement, notant qu'en dépit des pressions haussières des cours du pétrole et de la reprise de la consommation, force est de constater que la politique accommodante de BAM s'opère dans un cadre inflationniste maîtrisé à travers un niveau des prix à la consommation évoluant en dessous des 2,0% et ce, depuis 2008.
Les analystes d'AGR relèvent aussi que le système bancaire continue à financer l'économie à un coût relativement favorable. "En atteste, l'évolution des taux de refinancement du Trésor, des entreprises privées et des ménages qui poursuivent leur tendance baissière depuis 2019. Néanmoins, en raison de la hausse naturelle de la prime de risque, les taux débiteurs n’intègrent que partiellement la baisse du Taux Directeur de 75 points de base (Pbs) en 2020", précisent-ils.
Face à la hausse des créances en souffrances qui dépassent les 80 MMDH en 2020, BAM s'attend à une évolution modérée des crédits bancaires à 3,5% en 2021 contre 3,9% en 2020, indique la même source, ajoutant qu'à l'origine, la dynamique des crédits de trésorerie qui profitent des mécanismes "Damane Oxygène" et "Damane Relance" à des taux préférentiels plafonnés à 3,5% et dont l'encours s'élève à 53 MMDH en 2020.
Pour ce qui est des taux monétaires, AGR fait savoir qu'après avoir atteint un record historique de plus de 105 MMDH en août 2020, le déficit de liquidité bancaire devrait s'établir à 65 MMDH en 2021.
"Selon nous, l'Institut d'émission est capable de satisfaire la totalité de ce besoin bancaire à travers ses instruments de politique monétaire, en l'occurrence ses opérations principales en avances à 7 jours ou encore ses injections de liquidité à plus long terme. Dans ces conditions, l'interventionnisme accru de BAM sur le marché monétaire, permettrait de maintenir les taux interbancaires en ligne avec le taux directeur en 2021", conclut AGR.