La réorientation de la production mondiale de composants mémoires vers les data centers provoque une raréfaction de l’offre sur les marchés grand public. Assembleurs et distributeurs font face à une hausse marquée des prix et à une course aux stocks, dans un contexte de demande toujours soutenue côté entreprises.
Le marché mondial des composants mémoires traverse une nouvelle phase de tension. À l’origine, la hausse de la demande de mémoires pour les data centers IA qui a la préférence des 3 fabricants mondiaux au point que l'un d'eux a décidé de s'y dédier totalement en arrêtant la fabrication des mémoires pour les ordinateurs.
Cette réallocation s’est faite au détriment du marché de l'ordinateur, notamment celui des PC et des téléphones portables. Les deux autres fabricants majeurs, déjà sous contrainte, ne parviennent plus à compenser le manque d'offre.
Selon les professionnels du secteur, l’offre disponible sur le marché aurait ainsi reculé de 25 à 30%. Une contraction brutale qui crée un effet de rareté immédiat et se traduit par une hausse sensible des prix. Les composants mémoire auraient vu leurs prix passer de 900 à 3500 DH en quelques jours sur le marché. Les premiers impactés sont les assembleurs d’ordinateurs, fortement dépendants de ces composants et exposés de plein fouet à la volatilité des coûts et à la disponibilité du produit.
La course aux stocks
Du côté de la distribution, cette situation impose une profonde réorganisation du marché. Younes El Himdy, PDG de Disty, confirme que la pression est désormais clairement perceptible sur les prix de vente. « C’est la course aux stocks », résume-t-il, expliquant avoir lui-même passé des commandes anticipées afin de sécuriser les besoins jusqu’au premier semestre 2026. Une stratégie d' anticipation défensive devenue indispensable pour maintenir la continuité de l’activité.
Malgré ces mesures, la maîtrise de l’envolée des prix reste difficile. Dans ce contexte, seuls les acteurs les plus capitalisés disposent des marges de manœuvre financières suffisantes pour absorber le choc, constituer des stocks importants et préserver leur position sur le marché. Les opérateurs plus fragiles pourraient, à l’inverse, se retrouver sous forte pression.
Côté demande, un ralentissement des achats du segment des particuliers n’est pas exclu, sous l’effet combiné de la hausse des prix et de l’arbitrage des consommateurs. En revanche, les donneurs d’ordres publics et les grandes entreprises ne devraient pas interrompre leurs investissements. Nombre d’entre eux sont engagés dans des cycles de renouvellement de leurs infrastructures IT, difficilement reportables, confie le PDG de la société cotée.
Pour autant, cette situation n’a rien d’inédit. Le PDG de Disty Technologies rappelle que le marché a déjà connu des épisodes de tension comparables, notamment durant la période Covid. L’expérience montre qu’une gestion rigoureuse et anticipée des stocks permet de traverser ces phases sans à-coups majeurs, en attendant un rééquilibrage progressif de l’offre et de la demande. Cette période de transition, selon lui, serait d'une à deux années.