Au lendemain d'une séance d'adjudication marquée par une hausse sensible des taux le 10 novembre, des gérants d'actifs ont indiqué que cette tendance devrait encore se poursuivre (Lire). Les analystes d'AGR confirment à leur tour cette lecture du marché, prévoyant que "la pression sur les finances publiques devrait à priori orienter à la hausse les niveaux des taux de rendement primaires".
Retard dans l'exécution du budget...
À deux mois de la fin d’année, Attijari Global Research note que le déficit budgétaire n’a atteint que 61% de celui prévu par la LFR 2020 contre 95% en octobre 2019. Ce retard s’expliquerait par le décalage apparent des dépenses d’investissement, variable d’ajustement du Trésor. Celles-ci affichent un taux de réalisation de 70,3% à fin octobre 2020, contre 92,1% une année auparavant.
Pour rattraper son retard, le trésor devra combler un besoin 45,8 Mds de dirhams selon les estimations du bureau de recherche. Ce besoin correspond à un reliquat de financement du déficit budgétaire ainsi que les arriérés du Trésor estimés par la LFR à 26,7 Mds de dirhams augmentés des tombées du Trésor restantes à fin 2020, réalisées exclusivement sur le marché intérieur, à hauteur de 19,1 Mds de dirhams.
...Et difficile recours aux financements extérieurs
Tenant compte du durcissement relatif des conditions de financement à l’international, AGR a revu à la baisse le recours du Trésor au marché extérieur. Ce dernier ne devrait pas dépasser, selon les estimations, les 14 Mds d’ici la fin de l’année. Par conséquent, l’argentier de l’État devrait intensifier son recours au marché intérieur. Celui-ci devrait s’établir à 31,9 Mds, soit 16 Mds en moyenne d’ici la fin d’année. "Dans ce sens, la pression sur les finances publiques devrait à priori orienter à la hausse les niveaux des taux de rendement primaires".
BAM attendue sur une baisse du taux directeur pour limiter les tensions
Au final, "l’incertitude autour de la situation sanitaire et les pressions qui en découlent sur les finances publiques, alimentent les anticipations haussières sur les taux obligataires", écrit AGR. D’autant plus que les conditions de financement à l’international s’annoncent moins favorables en 2021 après le mouvement d’abaissement des notations souveraines de plusieurs pays émergents y compris le Maroc.
À cet effet, le Trésor devrait s’orienter davantage vers le marché domestique, au moins sur le prochain trimestre. Face à cette nouvelle orientation haussière des taux, une nouvelle baisse du taux directeur de BAM en décembre prochain est un scénario à ne pas exclure. L’objectif étant de soutenir davantage la relance de l’économie marocaine à travers un financement à faible coût, conclut AGR.